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Réflexion de la semaine

 

« Devenir une présence de Dieu »

À l’époque du Christ, les femmes n’ont pas accès au marché du travail. Elles sont complètement dépendantes de leurs maris pour survivre. Par conséquent, une veuve sans enfants est condamnée à vivre de la charité publique. C’est ainsi que Jésus se préoccupe du sort de sa mère quand il est sur la croix. Il est conscient que Marie est vouée à une grande misère : qui viendra en aide à la mère d’un criminel déshonoré publiquement par les autorités ? Il confie Marie à Jean pour que ce dernier veille sur elle comme un fils.

Aujourd’hui, Jésus observe le comportement de certains scribes qui sont préoccupés par leur image : le sens de leur vie est dans la richesse et l’apparence… puis arrive une pauvre veuve qui a pris sur son indigence pour donner à Dieu. Voilà dit Jésus un modèle de foi, de générosité, de détachement et de confiance en la divine providence. Voilà un cœur à l’écoute de Dieu et de sa volonté. Voilà un cœur qui possède le désir de se laisser habiter par Dieu dès maintenant, et cela, malgré l’absence d’un minimum de confort pour vivre en sécurité.

Cette veuve pourrait s’appeler Mère d’Youville, Rosalie Jetté, Émilie Gamelin ou encore Mère Teresa : toutes des femmes qui ont tout donné pour soutenir les pauvres et les blessés de la société. Des femmes qui se sont données par amour. « Toujours sur le point de manquer de tout, nous n’avons jamais manqué de rien », dira Mère d’Youville. « Si j’avais créé un comité pour trouver des solutions à la misère, nous serions encore dans de grandes discussions… J’ai choisi d’aider un pauvre à la fois. J’ai choisi de permettre à chaque personne de pouvoir au moins mourir dans la dignité » dira Mère Teresa.

Nous vivons dans un monde d’hyperconsommation et d’individualisme. Tout nous pousse au cumul des biens, à l’abondance et à la surabondance. Nous nous enfermons sur notre peur de manquer du nécessaire et nous manquons ainsi la chance de donner une qualité minimale de vie aux plus vulnérables de notre société. Et pourtant : le vrai miracle de toutes souscriptions ne repose pas sur quelques dons prestigieux qui attirent l’attention, mais sur le fait de la majorité qui a fait sa petite part : on parle ici du miracle de la solidarité.

Alors, revenons à la question de départ : qu’est-ce que je donne à Dieu? Mon superflu ou mon nécessaire pour vivre? Cela vaut au niveau matériel, mais je crois que la même question se pose à d’autres niveaux. Partager notre nécessaire, c’est aussi partager son temps, ses talents et de sa personne. Le bénévolat que nous vivons, l’implication dans des comités, les services rendus sans rien attendre en retour, l’aide apporté à quelqu’un de mal pris qui n’a pas notre talent pour faire une chose en particulier : c’est donner de son nécessaire pour rendre les gens plus heureux autour de nous.

Donner, se donner est une nécessité pour traduire l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui : un sourire, un mot d’encouragement, un téléphone gratuit et sécurisant, une écoute attentive… tout peut dire Dieu.

Gilles Baril, prêtre

     Unité pastorale Montréal-Nord