« L’importance de la
solidarité » |
Jean, le
disciple bien-aimé, trouve anormal et inacceptable que des gens qui ne
font pas partie du groupe des disciples aient les mêmes pouvoirs qu’eux.
Que s’est-il passé? Jean a vu un étranger à leur groupe chasser les
démons alors qu’eux-mêmes, disciples de Jésus, avaient échoué en
l’absence de Jésus.
Quels sont
les démons d’aujourd’hui qu’il faut chasser? Nous les connaissons bien :
par exemple le manque de sens moral; le mépris de la vie; l’exploitation
des faibles, des enfants, les comportements racistes, la mauvaise
répartition des richesses, l’oubli de Dieu. Tous ceux et celles qui
luttent contre ces maux que nous venons d’énumérer ne sont pas
nécessairement des baptisés ou des chrétiens. On n’enchaîne pas l’Esprit
Saint : il est libre, il n’est lié par aucun rite. Il suscite des
prophètes même en dehors de l’Église.
Sommes-nous
capables de faire du bien à ceux qui nous font du mal? Jésus n’oublie
pas l’esprit de service : un verre d’eau en mon nom ne restera pas sans
récompense. Un verre d’eau, ce n’est presque rien. C’est le symbole du
plus petit service qu’on puisse rendre à quelqu’un. Ce quelqu’un c’est
le Christ. « Ce que vous avez fait au plus petit des miens, c’est à moi
que vous l’avez fait ». Jésus s’identifie au plus petit des humains.
Jésus termine
cette page d’évangile par une mise en garde importante : « si ton œil,
ta main ou ton pied t’entraîne au péché, coupe-le ». Qu’est-ce à dire?
Dans le langage biblique, l’œil, c’est le savoir; la main, c’est la
possession et le pied, c’est le pouvoir (on mettait le pied sur
l’adversaire écrasé devant nous).
Alors si tes
connaissances te donnent l’impression d’être devenu supérieur aux
autres, coupe-les. Si tes biens sont devenus la raison d’être de ta vie,
coupe-les. Si ta soif de pouvoir fait de toi un tyran pour ton
entourage, coupe-la. Bref, coupe tout ce qui t’empêche d’être témoin du
Christ. Coupe tout ce qui te met dans un esprit de rivalité face à tes
proches.
Le monde
d’aujourd’hui, comme celui d’hier et celui des premiers chrétiens a
besoin de trouver un sens à la vie : les gens attendent de nous les
chrétiens que nous soyons signifiants et authentiques : l’Église
(c’est-à-dire tous les baptisés) doit continuer d’interpeller la société
frappée de myopie par le paradigme de l’utilitarisme et de l’instantané.
L’Église se
doit d’interpeller la société pour lui éviter le dérapage du « Je, Me,
Moi » au détriment du bien communautaire. Notre situation est parfois
inconfortable, notre présence est parfois dérangeante, mais cette
mission qui est la nôtre demeure porteuse d’espérance et d’avenir… et
pour une arrivée à bon port, il faut comme le découvre Moïse dans la
première lecture apprendre la solidarité du travail en équipe pour ne
pas nous laisser écraser par le fardeau du bien à accomplir au
quotidien. Qui fait œuvre d’Église ne travaille jamais seul. Un chrétien
isolé est un chrétien en danger.
Gilles Baril,
prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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