Pierre a été
témoin des enseignements et des miracles de Jésus et comme ses
contemporains, il espère le Messie. Alors ce Jésus aux pouvoirs
étonnants, il est clair pour lui qu’il est le Messie. Or le Messie à
cette époque est perçu comme une manifestation victorieuse et puissante
de Dieu… et Jésus parle de souffrances, de mort et de résurrection.
C’est à n’y rien comprendre.
Le Messie, à
la manière du Christ, n’est pas quelqu’un qui écrase ses adversaires et
qui assure sa victoire par la puissance. C’est quelqu’un qui entre dans
un chemin de service. La victoire du Christ sur le monde, c’est la
victoire de l’amour, ce n’est pas la victoire de la puissance. Ce genre
de Messie n’était pas sans causer des problèmes. Comment, en effet,
annoncer au monde un Messie, un Sauveur, qui est un être faible, écrasé,
et condamné à mort? Ce n’est pas ce que les gens souhaitent. Or c’est là
précisément ce que Jésus désigne comme la tentation, c’est-à-dire croire
que le salut du monde, la victoire sur le mal reposent sur la puissance.
Le salut passe par l’engagement discret au service des autres.
Le Messie, à
la manière du Christ, c’est un être qui ne jouit pas d’une promesse de
vie facile, de succès retentissants. Ce n’est qu’en suivant le chemin de
la croix que l’on comprendra sur quel chemin le Messie accomplit son
œuvre de libération : non par la puissance des armes, mais par la
faiblesse de l’amour et du service.
C’est là
l’invitation de saint Jacques dans la deuxième lecture d’aujourd’hui. Il
faut agir pour les autres quand on prétend avoir la foi. « Celui qui
n’agit pas, sa foi est bel et bien morte ». Nous ne pouvons pas être
disciples du Christ si nous n’entrons pas dans le chemin du service aux
autres.
J’ajoute
encore que le service des autres doit nous conduire à un profond respect
du prochain : ce qui prouve que nous sommes de Dieu, ce n’est pas ce
qu’on dit sur Dieu, car il est facile d’être théorique dans notre
discours sur Dieu… ce qui prouve que nous sommes de Dieu, c’est notre
façon de parler des autres. Il est préférable de faire un acte
d’humilité et de se taire plutôt que de dire des paroles blessantes au
sujet d’une autre personne.
Mon directeur
spirituel au Grand Séminaire nous a donné un petit truc pour toujours
demeurer sur les pas du Christ. « Il s’agit, disait-il, d’agir quand on
est seul comme si tout le monde nous regardait puis d’agir devant les
autres, comme si on était seul ».
Vivre en
Sauveur de la communauté, c’est demeurer au service de la communauté
dans l’humilité, la simplicité et le respect de chaque personne. Voilà
ce que nous enseigne non seulement la page d’évangile d’aujourd’hui,
mais l’évangile dans chacune de ses pages.
Gilles Baril,
prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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