« Ne pas chercher à tout comprendre »
(Jean 6, 51-58) |
Pour bien
saisir cette page d’évangile, il faut la situer dans son ensemble :
après la multiplication des pains, Jésus fait un discours sur le pain de
vie et il connaît l’abandon des gens qui ne cherchaient que leurs
intérêts personnels. Je crois que plusieurs de ceux qui le quittent
prennent conscience de leur obligation de s’investir pour la
construction du royaume de Dieu et qu’ils refusent simplement de se
donner… car se donner comporte le risque d’être incompris, jugé et
peut-être condamné comme c’est le cas de Jésus lui-même.
Jésus fait
référence à la manne donnée généreusement par Dieu chaque matin durant
la traversée du désert par le peuple hébreu : « ils en ont mangé et ils
sont morts ». Rappelons que les Hébreux se plaignaient constamment et
ils critiquaient sur tout : ils ont idéalisé leur passé, de sorte qu’ils
regrettent leurs « oignons d’Égypte ». Ils ont oublié leur condition
d’esclavage. « Ils sont morts » : c’est-à-dire : ils sont sans idéal,
sans motivations intérieures, sans espérance d’avenir.
Souvent
devant un défunt exposé au salon funéraire, j’entends : « Et qu’il a
l’air naturel ». Comme si c’était naturel d’être mort. Quand j’entends
ça, je me demande toujours s’il y avait vraiment Vie avant qu’il
meure?... Parce que nous aussi, on critique, on se plaint, on porte des
préjugés, on idéalise le passé et en plus, on essaie parfois de façon
subtile de tout contrôler pour que tout se passe selon notre vision
réduite des évènements.
La page
d’évangile d’aujourd’hui nous enseigne que la foi consiste à ne pas
essayer de tout comprendre avant d’agir, à continuer d’avancer sur les
chemins du mystère de Dieu même avec l’impression que je ne vis plus
rien de passionnant. Habituellement, c’est quand nous avons perdu le
contrôle que Dieu est le plus efficace pour nous faire grandir : « ils
sont instruits par Dieu lui-même ». L’attitude à développer consiste à
s’arrêter pour écouter, car écouter, c’est comprendre, comprendre c’est
respecter et respecter, c’est commencé à aimer et seul l’Amour donne la
force et l’audace du don de sa personne.
Dieu en la
personne de Jésus se donne pour que nous ayons le courage de nous donner
à notre tour. Et je crois que des personnes données généreusement pour
la cause de Dieu sont les témoins dont notre monde a le plus besoin de
nos jours.
Gilles Baril,
prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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