« Devenir nourriture de Dieu » |
Une légende raconte
qu’un roi un peu fatigué de sa vie monotone et sans but dans un palais
luxueux, mais sans saveur décida d’envoyer ses serviteurs à la recherche
d’un homme heureux pour connaître son secret.
« Et s’il ne peut venir
me rencontrer, apportez-moi sa chemise que je la porte : peut-être me
portera-t-elle un peu plus de bonheur… »
Les serviteurs partirent
aux quatre coins du Royaume et interrogèrent de nombreuses personnes :
toujours la même réponse : « Non je ne suis pas heureux : Je n’ai pas
assez grand de terre pour nourrir ma famille, Je m’ennuie terriblement.
Je ne suis pas bien dans ma peau… »
Riches et pauvres,
hommes et femmes, adultes et enfants : personne ne semblait heureux.
Les serviteurs
désespéraient lorsque soudain ils rencontrèrent un ermite qui ne
possédait rien et ne se nourrissait de presque rien… « Es-tu heureux ? »
Oui! « Veux-tu venir rencontrer le roi pour lui expliquer la source de
ton bonheur? » Je ne peux pas, car j’ai fait la promesse de ne pas
quitter mon ermitage! « Alors donne ta chemise pour le roi » un instant
le sage fixa le visage de son interlocuteur de son regard transparent et
profond. Puis il dit avec un geste qui indiquait une évidence : « Je te
donnerais volontiers ma chemise. Mais depuis longtemps je n’en ai
plus ». Le secret de son bonheur : il avait tout sacrifié : ses biens,
son temps et sa personne pour le bonheur des autres.
C’est vrai qu’il n’est
pas facile de s’oublier pour les autres : on ne peut y réussir seulement
qu’à la condition que Jésus lui-même soit à la source de notre agir. Et
pourtant c’est un besoin réel de nos jours de voir des hommes et des
femmes qui s’engagent sur la route du bonheur à la suite du Christ :
besoin réel au cœur de notre monde semé d’incertitudes, d’inconnus,
d’illusions et d’illusoire.
Jamais les routes du
Québec n’ont eu autant besoin de bons samaritains pour panser les
blessures et conduire à l’auberge de la foi les blessés de notre société
qui ont pris des chemins de violence, de drogue et de bonheur
préfabriqués. « Allez vivre et témoignez au sein des routes piégées de
la misère humaine », nous dit le Christ.
Et en cela, notre milieu
de vie épouse très bien le climat de la dernière cène : l’eucharistie
n’est pas un sacrement pour les forts et les gens parfaits, mais pour
ceux qui ont besoin de se sentir habité de l’intérieur pour témoigner de
Dieu au sein de leurs dépassements quotidiens. Ce ne sont pas d’icônes
qui suintent ou de statues qui pleurent dont notre monde a besoin, mais
plutôt de chrétiens(nes) qui s’engagent au nom de leur foi; d’hommes et
de femmes heureux qui ne craignent pas d’identifier le Christ comme
source de leur bonheur.
Les vertus à cultiver
sont le courage (prière), l’audace (engagement), le bonheur (trouver son
bonheur à rendre les autres heureux). Que le Christ nous garde sur cette
route du quotidien.
Gilles Baril, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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