« Dieu - Maître de l’impossible » |
Un curé
invite ses paroissiens à un ressourcement spirituel de grande qualité
donné par un prédicateur fort recherché.
Les gens
arrivent nombreux. Le prédicateur donne le thème et demande aux gens
s’ils connaissent quelque chose sur ce thème. Les gens disent « non ».
Alors lui de leur dire : « En une heure, je ne peux pas vous en dire
assez… » Alors il s’en va. Même invitation avec le même prédicateur la
semaine suivante… et même thème. Le conférencier demande :
« connaissez-vous quelque chose sur ce sujet? » Les gens disent :
« Oui ». Alors de dire l’orateur, « Ne perdons pas notre temps si vous
savez déjà ». Et il s’en va. Troisième semaine, avec le même prédicateur
et le même thème. Même question. Les gens disent « Oui » à 50 % et
« non » à 50 %. Le prédicateur réagit en disant « Que ceux qui savent
enseignent à ceux qui ne savent pas ». Et il s’en va.
Que retenir
de ceci? Trois réalités :
-
On ne
peut rien enseigner à quelqu’un qui ne sait rien;
-
On ne
peut rien enseigner à quelqu’un qui sait tout;
-
On
apprend plus par le témoignage transmis par nos pairs. D’où
l’importance de se soutenir les uns les autres dans notre quête de
l’absolu.
Voilà le
message de la transfiguration : Jésus fait vivre une expérience de la
Résurrection à quelques disciples afin qu’ils puissent soutenir les
autres apôtres quand arriveront les heures sombres de la passion.
Pour cela, il
nous faut apprendre à regarder la vie avec des yeux qui voient au-delà
de nos préoccupations du temps présent. Il faut apprendre à dédramatiser
les événements en sachant comme une certitude que le soleil revient
toujours après la pluie… d’ailleurs ça prend aussi de la pluie pour
garder la végétation en bonne santé.
La richesse
d’une communauté repose toujours sur l’addition des talents mis au
service des autres. Personne ne possède tous les talents. Personne n’est
conçu pour vivre dans l’isolement. La transfiguration est un défi pour
toute la communauté : « Que ceux qui savent enseignent à ceux qui ne
savent pas ». « Que ceux qui ne savent pas se réjouissent de ce que les
autres leur apprennent ».
Une
communauté qui ne transmet plus le savoir, le savoir-être, le
savoir-faire, les codes et les rites sociaux, le sens de la fête et du
partage est une communauté en danger de mort.
Vivre la
transfiguration, c’est nourrir le désir d’apprendre les uns des autres,
c’est prendre des risques, c’est miser plus sur l’espérance que sur les
acquis, c’est savoir comme une certitude que Dieu n’a jamais dit son
dernier mot puisqu’il fait toujours jaillir une issue nouvelle où on
semblait rendu à une impasse. La transfiguration est l’abandon dans la
confiance au Maître de l’impossible.
Gilles Baril,
prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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