« Qui est Jésus de Nazareth » |
Pour bien comprendre le texte de
l’évangile d’aujourd’hui, il faut le situer dans l’ensemble de
l’évangile de Marc.
Lorsque
l’apôtre Pierre arrive à Rome au début des années 60, il est accompagné
par Marc, lequel lui fait office de secrétaire depuis quelques années.
On demande à Pierre des écrits sur son maître Jésus. C’est alors que
Marc présente ses différentes notes qu’il a prises à partir des
catéchèses de Pierre. Et voilà le premier évangile 16 chapitres – 16
catéchèses.
La toile de
fond de toutes ces catéchèses est la question : « Mais qui il est ce
Jésus de Nazareth pour faire tout ce qu’il fait? » Une première réponse
arrive dès le premier chapitre : « il est le Saint, le Saint de Dieu ».
La réponse est bonne, mais il y a ici une ruse du malin : si Jésus est
reconnu comme un homme aux pouvoirs étonnants qui guérit, tous les
malades vont courir vers lui pour se faire soigner. Alors Jésus n’aura
plus de temps pour enseigner Dieu, d’autant plus que Jésus sait bien que
la guérison d’un aveugle est intéressante pour lui, mais qu’elle ne
change rien à la condition de tous les aveugles à travers le monde. Même
réalité pour les sourds, les muets, les paralysés…
Sa mission
consiste d’abord à enseigner que Dieu n’est pas l’être suprême, puissant
et exigeant que présentent les autorités religieuses de l’époque, mais
un Dieu-Père qui nous aime et nous veut heureux en sa présence
Tout ceci
ressemble à quelqu’un qui offre des fleurs parce qu’il aime ou parce
qu’il a quelque chose à se faire pardonner : l’acte est le même, mais
les motivations et les conséquences sont très différentes. Jésus veut
nous entraîner sur les chemins de l’Amour gratuit issu du cœur de Dieu.
On n’est pas chrétien pour ce qu’on reçoit de Dieu, mais pour ce qu’on
veut bien lui donner.
Jésus refuse
de n’être qu’une célébrité parmi d’autres ou un sauveur politique pour
libérer le peuple d’Israël de l’autorité romaine. Il s’offre comme
« révélateur de Dieu ». Toute sa vie, d’après Marc, il se donne et les
gens se questionnent : qui est-il pour faire tout ça? La réponse revient
par le soldat romain au pied de la croix qui dit spontanément à la mort
du Christ : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ». Voilà un acte
de foi à l’état pur d’un homme qui a vu ce qui s’est passé.
À la lumière
de cette page d’évangile, il est possible d’affirmer que nous n’avons
qu’un seul pouvoir réel dans la vie : « se changer soi-même », de même
que nous ne possédons qu’une seule force d’attraction sur les autres :
« les aimer assez pour leur donner le courage de se changer eux-mêmes ».
Gilles Baril,
prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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