« Se nourrir d’un idéal élevé » |
En lisant
l’évangile, je me suis rappelé une histoire. Deux jeunes en vivant une
expérience d’alpiniste ont découvert au sommet de la montagne, un nid
d’aigle dans lequel se trouvaient des œufs. Comme l’un des deux est fils
de cultivateur, il amène les œufs dans le poulailler. Un aiglon vint au
monde dans la basse-cour, entouré de poussins. Il apprend donc à faire
comme eux : il picore la terre, tourne en rond dans le poulailler et ne
vole jamais à plus d’un pied du sol.
En
vieillissant, il développe des complexes par rapport aux poussins. Il
est difforme, son physique n’est pas comme les autres. Et les poules ne
manquent pas d’occasion d’alimenter ces complexes.
Voilà
qu’un jour un aigle qui plane au-dessus du poulailler voit l’aiglon dans
la basse-cour. Il descend vers lui et lui fait prendre conscience de sa
véritable identité. « Tu es capable de plus que ce tu fais là, lui
dit-il. Tu peux atteindre le sommet des montagnes si tu oses prendre ton
envol. Suis- moi. Fais-moi confiance. Je t’amènerai au bout de toi-même.
Je ferai grandir ce qui dort en toi. »
En
entendant cela, les poules se mettent à ricaner. Mais ce qui retient
surtout l’aiglon, c’est la peur qu’il porte en lui-même. Où cela le
mènerait-il? Finalement, il ne manque de rien dans son poulailler. Il y
trouve tout : la nourriture, la sécurité. Tout, sauf l’essentiel : son
vrai lui-même. Il ne pourrait devenir un aigle tant qu’il demeurera dans
la basse-cour.
Cette
histoire traduit exactement l’évangile d’aujourd’hui. Jésus nous invite
à être parfaits comme le Père céleste est parfait. « Soyez saints, comme
moi je suis saint ». Participer à la sainteté de Dieu n’exige pas que
nous devenions des purs, des gens toujours sérieux ou des intouchables.
Le plus grand piège du démon dit Jean Bosco est de nous faire croire
qu’être au service de Dieu nous rend triste et amer.
Jésus nous
invite à ouvrir nos ailes toutes grandes. Il nous dit : « Veux-tu
demeurer une poule confinée dans son enclos, satisfaite de sa médiocrité
quotidienne au milieu des autres poules et ignorant tout des beautés du
ciel, ou désires-tu devenir un aigle, volant dans les hauteurs célestes
qui ouvrent à l’infini de l’univers? »
-
Ne
nourris aucun sentiment de haine ou de vengeance en toi. Pardonne.
Rends le bien pour le mal reçu en prenant conscience que les gens
qui t’ont fait souffrir ont agi par leur mal à l’âme.
-
N’aie
pas peur de t’engager et de créer des solidarités autour de toi. Il
n’y a que les gens qui ne font rien à qui on ne peut rien
reprocher... mais toute leur vie est une erreur.
La
sainteté dont il est question consiste à devenir quelqu’un qui transpire
une Présence qui fait du bien aux autres, qui donne le goût d’aller de
l’avant dans la vie. C’est l’histoire du poussin qui devient poule et de
l’aiglon qui devient aigle selon les fondements de notre nature humaine.
Le but ultime de la vie est de devenir vraiment qui nous sommes.
Profitons
de la célébration qui nous vivons ensemble pour nommer dans le cœur de
Dieu sous forme d’Action de grâce tous les saints(es) du quotidien qui
nous donnent le goût de devenir meilleur. Poussons plus loin notre
prière en demandant à Dieu de faire de chacun(e) de nous de ces
saints(es) du quotidien qui contribuent au bonheur des autres. Puisse
notre bonheur devenir le plus beau discours sur Dieu que nous pouvons
nous témoigner les uns les autres.
Gilles
Baril, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
|