« Être toujours prêt » :
qu’est-ce à dire ? On dit que le temps qu’on prend pour se préparer est
plus précieux parfois que la réalité accomplie, car le fait de se
préparer nous fait goûter ce pourquoi on se prépare. Au cœur des
préparatifs se dessine la présence espérée.
C’est ainsi qu’on dirait
qu’un cadeau est plus intéressant à recevoir si son emballage est
agréable à regarder… et pourtant l’emballage n’est pas le cadeau… ou
encore on dirait qu’un repas est meilleur si la table est bien décorée
avec des fleurs et des chandelles. Dans la même perspective, j’ose
penser que le temps que nous prenons pour venir célébrer l’eucharistie
avec la communauté est aussi précieux que la célébration elle-même et
parfois même plus précieux, car rendu à l’église, je serai peut-être
distrait par des enfants qui chignent, par une homélie qui ne me rejoint
pas…
Il est important le
temps où on s’habille le cœur nous dit l’évangile d’aujourd’hui. Il ne
faut pas que manger, boire, travailler… il faut aussi réfléchir,
identifier le sens de nos actions, ne pas se laisser étourdir par le
quotidien.
Se peut-il qu’à force de
vivre sans s’intérioriser que Dieu passe dans notre vie sans qu’on le
réalise comme à l’époque de Noé ou même à l’époque du Christ ? Car Dieu
agit toujours sans éclat, sans tambour ni trompette.
Un paroissien disait
récemment : « J’attendais Dieu par la porte d’en avant puis j’ai réalisé
un moment donné qu’il était rentré discrètement par la porte d’en
arrière ». Puis il disait dans son témoignage : « Vous savez, j’ai
l’impression que les gens du Moyen-âge vivaient plus longtemps que nous.
Nous, on vit entre 70 et 90 ans et c’est fini. Eux, ils vivaient 30-40
ans puis ils entraient dans l’éternité de Dieu. »
Voilà ce qui change tout
: Dieu entre dans notre quotidien pour que nous entrions dans son
éternité bienheureuse. Sommes-nous prêts à l’accueillir et à le laisser
nous transformer. Voilà le sens de Noël que nous nous disposons à
revivre dans quelques semaines. Que la quantité supplémentaire
d’occupations que nous vivrons dans les prochains jours ne nous
éloignent pas de l’essentiel de notre agir qui consistent à contribuer
au bonheur de ceux qu’on aime. Et ces gens-là que nous aimons n’exigent
pas de nous que nous arrivions à Noël fatigués et épuisés d’avoir trop
couru pour leur faire plaisir.
« Être toujours prêt »,
non pas jusqu’à l’épuisement physique, mais être toujours prêt à aimer
et se laisser aimer dans la douce tendresse des petits gestes affectueux
du quotidien.
Gilles Baril, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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