« Bienheureux - Malheureux » |
Le message des béatitudes nous est toujours présenté comme le résumé du message du Christ. Chez
Matthieu, il est dit huit fois « Bienheureux » et chez Luc, on retrouve
quatre fois : « Bienheureux » et quatre fois « Malheureux ». Bienheureux
est un mot araméen qui veut dire : « Lève-toi debout ». Alors que dit
Jésus? Ne te laisse pas écraser malgré les difficultés de la vie,
lève-toi debout et resplendis. On a le droit d’être affaissé un temps
devant une épreuve, mais on a le devoir de se relever.
Malheureux n’est pas une malédiction ou un souhait de malheur. Il s’agit d’un autre mot araméen
qui se traduit par : « Pauvre toi » ou encore « Hélas c’est dommage ».
« Pauvre de petit moi » dirait le « Sol » des émissions de notre enfance
(alias : Marc Favreau). Pauvre riche qui n’avez que vos richesses pour
vous valoriser et vous donner de l’importance. Pauvre vous qui ne
cherchez que les jouissances et qui serez anéantis à la première
épreuve.
On raconte que pour établir le régime communiste en Russie, on avait fait appel à un acteur russe
très apprécié par l’ensemble du peuple. Il devait au cours d’une pièce
de théâtre, où était rassemblé une grande quantité de Russes prendre une
bible, l’ouvrir à la page des béatitudes, en lire les quatre premières
puis refermer le livre et le tirer à bout de bras en disant : « Voyez ce
que nous vivons : le Christ a vraiment manqué son coup. Les riches sont
de plus en plus riches et ils exploitent les pauvres alors que les
pauvres sont de plus en plus misérables et sans défense. »
L’acteur en question est un croyant convaincu et engagé au nom de sa foi. Les autorités du régime
communiste l’ont menacé du martyr s’il ne jouait pas la scène demandée.
Arrive le moment prévu : il oublie d’ouvrir la bible, il cite le passage
des béatitudes par cœur puis réalisant son erreur, il dit : « On m’a
obligé à vous dire que le Christ a manqué son coup… je ne peux vraiment
pas croire que Dieu a déjà dit son dernier mot. Vive cet appel à rester
debout malgré les conditions harassantes de nos vies que nous lance le
Christ. L’homme n’est grand que lorsqu’il se tient debout au cœur de ses
épreuves… ». Notre acteur a immédiatement connu le martyr.
N’oublions pas que les évangiles sont écrits dans un contexte de persécution des chrétiens… et
ils sont offerts comme des invitations à vaincre les obstacles de la foi
tout en ne réduisant jamais nos vies à du conventionnel ou de
l’ordinaire. Ne devenons jamais des croyants moroses et défaitistes, qui
attirent sur eux la pitié des autres. Christ est ressuscité : à nous
d’en être témoin. « Alléluia. »
Gilles Baril, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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