« Une royauté qui fait grandir » |
La fête du
Christ-Roi rappelle cette histoire d’un gars irréfléchi qui veut
apprendre à nager. Il se jette à l’eau et évidemment, il est en train de
se noyer. Un homme qui passe par là le sauve de la noyade. Plus tard, à
force de relever des défis impossibles et sans y réfléchir, il finit par
tuer une autre personne. On lui fait un procès et en arrivant devant le
juge, il reconnaît l’homme qui l’a sauvé de la noyade. Celui-ci lui dit
: « Un jour, j’ai joué le rôle de sauveur pour toi, mais aujourd’hui, je
suis ton juge et je dois faire régner la justice. Tu dois recevoir les
conséquences de tes actes ».
Et
si ce gars était toi, et si le Juge-Sauveur était le Christ.
La fête du
Christ-Roi nous rappelle des images courantes de rois-symbole de
puissance matérielle, de contrôle des autres, de pouvoir économique,
moral, politique. Mais Jésus se veut un Roi-Juge tout autre que ceux-ci
: un roi né dans une étable, un roi entré à Jérusalem sur un ânon, un
roi couronné d’épines entre deux brigands. Nous voyons en Jésus un roi
aux pouvoirs étonnants – pouvoir de l’amour sur la haine, pouvoir de la
liberté intérieure… un roi qui s’identifie aux plus faibles et aux plus
démunis. Notre Dieu a un faible pour ceux qui en arrachent.
Un roi qui
ne se sert pas de ses pouvoirs pour son bien-être ou son confort : « Il
en a sauvé d’autres, qu’il se sauve ». Jamais Jésus ne s’est servi de sa
puissance pour lui-même. Le message qu’il nous donne pourrait se résumer
ainsi : quand on est plein de Dieu on se centre sur les besoins des
autres et on ne succombe pas à la tentation de ne chercher que son
confort : il a accepté volontairement, librement la croix. (Symbole de
haine chez les Juifs – symbole de royauté chez les chrétiens).
La grande
blessure d’une vie est de ressentir que personne n’a besoin de notre
collaboration, car les gens autour de nous nous regardent de haut.
(C’est la grande misère des pauvres) Le défi de l’évangile à ce niveau
consiste à redonner à chaque personne sa dignité humaine. Il n’est pas
nécessaire d’être parfait pour aimer et se laisser aimer… mais il est
parfait de se laisser aimer avec nos limites. L’important n’est pas de
réussir une fraternité parfaire, mais de la désirer, de travailler pour
qu’elle se réalise. Jean XXIII en relançant l’Église sur le chemin de
l’œcuménisme disait : « Arrêtons de regarder ce qui divise et
identifions surtout ce qui nous unit déjà les uns aux autres ».
Voilà le
type de royauté que Jésus propose dont nous recevons la mission à notre
baptême en devenant « prêtre, prophète et roi ». Être prêtre fait appel
à la prière et à la liturgie. Être prophète consiste à se laisser
interpeller et transformer par la Parole de Dieu et être roi, au sens
biblique, est un appel à bâtir un monde de justice et de paix autour de
nous. Et si cela se vit dans la joie, nous devenons un ferment
extraordinaire du Royaume de Dieu.
Gilles
Baril, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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