« N’arrêtons pas d’avancer »
Épiphanie du Seigneur (B) [Matthieu 2, 1-12] |
Saviez-vous qu’il y a eu un quatrième roi mage qui s’est présenté à la
crèche de Bethléem. On en a moins parlé parce qu’il est arrivé en retard
et les mains vides. C’est du moins ce que j’ai appris ces derniers jours
en lisant des contes de Noël. Il s’agissait d’un Éthiopien (le pays le
plus riche à l’époque de Jésus)
Il n’est
pas parti les mains vides, c’était un roi – il avait trois perles
blanches aussi grosses que des œufs d’autruche à offrir à l’enfant Dieu
qui avait fait lever une étoile dans le ciel.
Mais, le
premier soir, il coucha dans une auberge – il y avait là un vieillard
étendu sur un banc, presque mort et sans argent. Nul ne savait son nom
et il devait être jeté dehors le lendemain, s’il ne mourait pas durant
la nuit. Ému de compassion, le roi donne une perle précieuse à
l’hôtelier pour qu’il le loge et fasse venir un médecin, et s’il
mourrait pour qu’il l’enterre convenablement.
Ceci
inspira probablement à Jésus l’histoire du bon samaritain. Chemin
faisant, quelques jours plus tard, il traversa une région désertique.
Soudain il entendit des cris provenant d’un petit bois. Il y avait là
des soldats en train de maltraiter une jeune femme. Il donna sa deuxième
perle pour acheter sa délivrance. Sans remercier, elle s’enfuit dans la
montagne: il ne faut pas toujours attendre de la reconnaissance des
autres pour s’engager.
Rendu à
Bethléem, il rencontra des soldats d’Hérode en train de tuer tous les
garçons de deux ans et moins. Il prit sa troisième perle et il la donna
à des soldats pour qu’ils rendent les enfants à leur mère. Celles-ci
saisirent leurs fils et s’enfuirent au plus vite. (C’est peut-être ainsi
que fut protégé la vie de Jean-Baptiste.)
C’est
alors que le Roi arriva les mains vides à la crèche de Bethléem. Et
c’est avec beaucoup de joie que Jésus accueillit le quatrième roi mage:
il lui fit son plus beau cadeau, son premier sourire…
Aujourd’hui nous sommes les 5e, 6e, 7e rois mages à nous présenter
devant l’enfant-roi de Bethléem. La fête de l’Épiphanie est la
manifestation par Dieu de sa présence à tous les peuples de la terre.
Les rois mages sont des non-juifs qui se mettent en route pour aller
vers Dieu: ils sont nos ancêtres dans la foi, car ils s’affichent comme
croyants dès la naissance de Jésus. L’Épiphanie est en quelque sorte la
fête de Noël des non-juifs que nous sommes.
L’important pour Dieu n’est pas de se présenter à lui les bras chargés
de cadeaux, mais plutôt le cœur rempli de reconnaissance et de
tendresse. Comme les mages de jadis, il nous faut marcher vers Dieu avec
confiance, même si parfois, nous rencontrons de la mauvaise foi et de
l’indifférence sur nos chemins, comme les Mages l’ont vécu chez Hérode.
L’esprit
du voyage, dit St-Augustin consiste à « Porter celui avec qui nous
marchons pour parvenir à celui avec qui nous désirons demeurer ».
Porter l’autre par nos actes de générosité et de bonté, en ne perdant
jamais une occasion de semer la paix et la joie. Porter l’autre, c’est
parfois juste être là: l’accompagner dans le silence, comme Marie dans
l’évangile.
Gilles
Baril, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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