Réflexion de la semaine

 

Les consolations de Dieu ou le Dieu des consolations ?

Pierre nous demande de « rendre compte de l'espérance qui est en nous. » Pierre n’a rien d’un intellectuel, il n’est pas comme Paul qui fait des grands discours et discute avec les philosophes. Pierre est un artisan, un pécheur du lac de Galilée. Homme d’action avant tout. Il a cependant bien compris qu’on ne pouvait être chrétien sans rendre compte de sa foi et de son espérance.


Personnellement, je me méfis des révélations privées.
Que certaines personnes aient des visions ou entendent des voix, je veux bien, mais comment savoir si ça vient de Dieu ? Je ne dis pas que Dieu ne peut pas intervenir directement dans nos vies, mais je dis préférer me servir de ma raison et de mon cœur pour discerner le bien et le mal, pour guider ma vie et ma foi. Je dis que sans la raison, on risque fort de déraper et de se perdre.


J’ai grandi dans des groupes charismatiques, je sais de quoi je parle, ma mère est profondément charismatique, et je crois que le mouvement charismatique est une grâce pour notre Église.
Mais à trop rechercher les signes, à trop mettre l’emphase sur le surnaturel, ont peut oublier l’essentiel de notre foi. Les miracles, les guérisons ont eu énormément d’impact pour les premières communautés chrétiennes. On en a pour exemple le récit des Actes des Apôtres que nous venons de lire en première lecture. Mais ce qui a gagné le cœur de la foule, c’est ce que disait Philippe. Il proclamait le Christ. Les signes n’ont eu pour mérite que d’attirer l’attention sur la Personne du Christ et son enseignement.


Du reste, aimons-nous vraiment le Christ ?
Je veux dire, est-ce qu’on aime Dieu seulement pour ses consolations qu’il nous apporte ? L’amour se vérifie dans le temps. Il suffit parfois que Dieu fasse silence pour qu’aussitôt on le remettre en question. La foi doit parfois passer par l’épreuve du silence pour s’ajuster à la Révélation.


Comme avec Pierre dans sa lettre, Jésus met en garde ses disciples face aux difficultés et aux épreuves de la vie
. Le monde peine à reconnaître Jésus comme le « Sauveur », parce qu’il n’a pas fait l’expérience de son intimité et qu’il demeure enfermé dans ce qui lui convient, sa tranquillité, son bien-être.
 

C’est dans ce monde, où mêmes les commandements de Dieu sont parfois perçus comme une menace à notre liberté, que nous devons rendre témoignage de l’espérance qui est en nous. Connaissant la fragilité humaine, Jésus nous promet l’Esprit Saint qui nous ajustera de l’intérieur à Celui dont nous devons être les témoins. Promesse qu’il réalise à chaque Eucharistie, puisqu’il fait Corps avec nous. Voilà le signe par excellence ! De grâce, ne nous contentons pas de chercher les consolations de Dieu, mais attachons-nous au Dieu des consolations.

Richard Depairon, curé-pasteur

     Unité pastorale Montréal-Nord