L’histoire des disciples d’Emmaüs est celle de personnes
déçues,
amères, découragées.
Ils ont suivi Jésus, ont cru en lui et misé sur lui. Ils
le disent clairement : « Et nous qui espérions qu’il serait le
libérateur d’Israël ! » Et voilà que tout est fini. Découragés, les
disciples se retirent de la société, ils veulent s’enfermer dans leur
ancien monde. La partie est perdue.
C’est pourquoi ils retournent vers Emmaüs et tournent le
dos à Jérusalem.
À ce moment précis, le Ressuscité choisit d’intervenir.
Bien entendu, ils ne le reconnaissent pas. Ils sont trop préoccupés par
ce qu’ils viennent de vivre. Ils sont enfermés dans leur peine et leur
déception. Ils ne voient rien d’autre.
D’où la façon de faire de Jésus : il va les rejoindre là
où ils sont, sur leur route à eux, dans leur cheminement
d’incompréhension, de souffrance et de découragement.
Il va cheminer avec eux le temps qu’il faut pour les amener à comprendre
et à voir autrement.
Par-dessus
tout, il prend le temps de les écouter.
Écouter leurs doléances, leur déception et même leur incompréhension
face aux dires des femmes qui témoignent de la résurrection. C’est
seulement après que les disciples se seront vidés le cœur que Jésus va
intervenir.
L’Écriture est au cœur de la Révélation, pas question ici
d’y aller de théorie ou d’opinion personnelle.
Jésus n’a pas lu toute la Bible avec eux, il a simplement rappelé, fait
mention, éclairé un certain nombre de choses. Il a dû leur dire, par
exemple : « Vous vous rappelez d'Abraham qui a tout quitté pour le pays
que Dieu avait promis. C’est un signe. Vous vous rappelez de Joseph
vendu par ses frères ? Eh bien, c'est une grande figure du Messie. Vous
vous rappelez de Moïse, c’est l’image du futur Messie. Et vous vous
rappelez sûrement ce qu'a dit Isaïe sur le serviteur souffrant ? » Bref,
il leur rappelle tout cela.
Mais c’est à la fraction du pain qu’ils le reconnaissent
enfin.
Ils le connaissaient, ce Jésus qu'ils avaient fréquenté depuis des mois.
Ils vont passer d'un seul coup de la connaissance à la re-connaissance.
Ils avaient été terriblement déçus en apprenant la mort de
l'homme-Jésus. Maintenant, ils voient le Seigneur ressuscité, celui qui
sera désormais avec eux jusqu'à la fin du monde. Ils le reconnaissent.
Et immédiatement ils ne peuvent plus le voir. La vision a été d'un
instant. Désormais, il y a la certitude d'une présence infiniment plus
intime et plus vraie.
Le cœur tout
brûlant, frères et sœurs, ne perdons pas de temps et n’ayons plus peur.
Vivons comme ces disciples tout joyeux de porter une Bonne Nouvelle au
monde.
Richard Depairon, curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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