Le
bruit court que le tombeau est vide. Les gardes dormaient, paraît-il. La
pierre a été roulée. Tôt le matin, il n’était déjà plus là, raconte les
femmes. Jean a vu et aussitôt, il a cru. Jésus est apparu aussi à
Pierre. Il est vraiment ressuscité, vous dis-je !
Au départ, il n’est question que de rumeur, puis, peu à peu, l’événement
prend de l’ampleur, jusqu’à remonter au Grand Prêtre, puis à Pilate.
Impossible de taire les faits. Tout le monde raconte ici et là des
manifestations de la présence de Jésus. Il apparaît aux femmes, puis aux
apôtres, puis aux disciples et même à toute une foule. Il est partout :
sur le chemin d’Emmaüs, dans les maisons et sur la place publique.
Marie-Madeleine l’a reconnu à l’appel de son nom, Thomas aurait touché
ses plaies, les disciples d’Emmaüs l’ont reconnu à la fraction du pain.
On raconte qu’il a même mangé du poisson après une pêche miraculeuse,
qu’il est apparu alors que les portes étaient closes. C’est vrai, Jésus
est vivant !
On se rappelle ce qu’il a dit et fait. Ses miracles, ses paroles, toute
sa vie nous avait pourtant préparés à ce moment. Il l’avait prédit, il
l’avait vu, il nous l’avait dit, il nous l’avait expliqué. N’avait-il
pas dit lui-même à ses disciples : « Écoutez, nous allons à Jérusalem où
se réalisera tout ce que les prophètes ont écrit au sujet du Fils de
l’homme. On le livrera aux païens, qui se moqueront de lui,
l’insulteront et cracheront sur lui. Ils le frapperont à coups de fouet
et le mettront à mort. Et le troisième jour il se relèvera de la mort. »
Lc 18, 31-33.
Zacharie avait écrit en effet à ce sujet 500 ans plus tôt : « Ils
lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé ; ils feront une
lamentation sur lui comme sur un fils unique; ils pleureront sur lui
amèrement comme sur un premier-né. » Za 12, 10-11.
Isaïe prophétisait quelques années auparavent : « Mon serviteur
réussira, dit le Seigneur : il montera, il s’élèvera, il sera exalté !
La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré
qu’il ne ressemblait plus à un homme. De même, devant lui les rois
resteront bouche bée, car ils verront ce qu’on ne leur avait jamais dit,
ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler. » Is 52,
13-15.
Ainsi s’accomplissent toutes les Écritures. La promesse faite à Abraham,
celle concernant une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le
ciel, touche ici son but. En Jésus Christ, nous devenons fils et filles
de Dieu.
Tel le serpent d’airain, Jésus élevé pour le salut du monde. Il se
substitue au sacrifice d’Isaac et à l’agneau pascal dont faisaient
mémoire le peuple d’Israël. Désormais, une nouvelle Alliance a été
scellée en la personne du Christ. Vendu par ses frères, comme Joseph le
fils de Jacob, Jésus a pardonné puis nourri son peuple. Il est le nouvel
Adam, le second Moïse, la figure du serviteur souffrant d’Isaïe,
l’offrande parfaite sans tache ni défaut. Après trois jours, comme pour
Jonas, la victoire sur la mort est totale et définitive. Jésus a vaincu
la mort, sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir. Il est ressuscité,
c’est vrai ! Il est au milieu de nous, il est en nous, nous sommes en
lui.
Dieu a parlé. Il parle encore. Dans le passé, les prophètes étaient ses
intermédiaires. Dieu se révèle désormais pleinement par son Fils. Il ne
s’adresse pas seulement aux anciens, mais aussi à nous. Oui ! Il est
toujours vivant, il est encore au milieu de nous…
Richard
Depairon, curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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