Nous
sommes à sept jours de la Semaine sainte, à quatorze de Pâques. Ce n’est
pas un hasard de retrouver, à ce moment-ci, le récit de la résurrection
de Lazare. Il dit des choses importantes sur la mort et l’espérance
chrétienne.
Évidemment, quand la mort ne nous touche pas directement, on la
considère comme un phénomène normal. Par contre, dès que quelqu'un de
proche vient à mourir, on est bouleversé, troublé, parfois même choqué…
Parfois on en veut à Dieu. « Si tu avais été là, mon frère ne serait pas
mort. » Autrement dit : « Dieu, qu’est-ce que tu fais ? J’ai prié, j’ai
demandé la guérison de telle personne qui m’était chère, et tu n’as rien
fait, tu n’as pas bougé ! »
On imagine donc Dieu, soit impuissant, soit impassible. On lit souvent
dans les journaux des choses comme : « Il a plu au Seigneur de rappeler
à lui son fidèle serviteur… ». Il faut oser questionner certaines images
de Dieu. Je ne crois pas que Dieu soit la cause de notre mort !
Jésus nous dit aujourd'hui, de façon extrêmement claire, quelle est
l'attitude de Dieu en face de la mort. Première constatation : le Dieu
de Jésus Christ est celui qui pleure la mort de ses amis. Dieu ne veut
pas la mort. Toute la Bible dit un Dieu qui veut la vie, la libération,
le bonheur de son peuple. Et tous les gestes de Jésus sont significatifs
de sa lutte incessante contre toutes les forces de mort en ce monde.
Ce
que Jésus nous dit surtout, c’est qu’au-delà de la mort, la vie
continue. Et pour nous faire comprendre cela, Jésus va prendre une
image. « Lazare, notre ami, dort », dira-t-il. La mort comme un
sommeil. Chaque soir, je m'endors, je perds totalement la conscience de
moi, comme la conscience du temps et de l'espace, et pourtant, ma vie
continue, même si je n'en ai pas conscience. Et quand je me réveille, je
retrouve cette conscience de moi et de mon environnement. Je m'éveille à
un jour nouveau, à une vie nouvelle. Ce n'est qu'une image bien sûr,
mais elle dit bien comment Jésus considère la mort humaine comme un
sommeil dont Dieu me réveillera !
Jésus ne se contente pas de dire comment il envisage la mort. Il va
faire un signe : la résurrection de Lazare. Il y a quatre jours que
Lazare est mort : Jésus va le réveiller. Mais la résurrection de Lazare
n'est qu'un signe.
Le grand signe que Jésus fera, ce sera sa propre mort-résurrection.
Quelques semaines après avoir ressuscité Lazare, Jésus sera arrêté,
condamné, torturé, mis à mort.
Que veut dire cela pour nous aujourd’hui ? Deux choses. Premièrement,
que Dieu n’est pas indifférent devant la mort. Ensuite, que la vie ne se
termine pas bêtement après notre mort. Que le passage, quoique
douloureux, s’ouvre sur une autre vie, grâce au Christ.
Richard
Depairon, curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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