Adorer
en esprit
et en vérité
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Chaque
année, le Carême est un moment privilégié de rencontre avec le Seigneur.
Dans notre montée vers Pâques, nous sommes invités à vivre des passages,
des conversions. Mais, comme le peuple de Dieu au désert, il nous arrive
souvent de douter de la présence de Dieu dans notre vie. « Le Seigneur
est-il avec nous, ou non ? » C’est sûrement ce que devait penser la
Samaritaine au moment où elle a fait la rencontre de Jésus.
Il faut dire que
tout les sépare : l’hostilité entre les nations juive et samaritaine,
les désaccords théologiques sur Dieu et sur les lieux de culte, la
différence des sexes qui, dans les circonstances, rendait suspecte toute
initiative au dialogue. Enfin, la sainteté du Christ qui tranche avec la
situation de la femme aux nombreux maris.
On n'en
finira jamais de méditer cet épisode de la rencontre de Jésus avec la
Samaritaine. Voyez le cheminement que Jésus a fait accomplir à cette
femme. La perception de l’identité de Jésus, par la Samaritaine et par
ses compatriotes, est transformée : Jésus est d'abord « un homme », puis
« un prophète », puis un « messie » et enfin, « le Christ » et le
« Sauveur du monde ». Une simple rencontre qui bouleverse tout. Un
cheminement qui peut être le nôtre. À condition de ne pas nous arrêter
en route.
Notre adhésion de
foi doit se vivre comme une relation filiale avec Dieu d’où s’ensuivra
une logique du service. Autrement dit, il ne suffit pas de venir
chercher un sacrement pour être chrétien ou chrétienne, il nous faut
adhérer à la personne et à l’enseignement de Jésus Christ. Dieu n’est
pas un pourvoyeur de soins, il n’est pas un faiseur de miracle, mais un
Père. Rivée sur le puits et sur sa cruche d’eau, la femme n’accède que
lentement à cette découverte d’une autre soif. Pour finir, nous dit
l’évangile, elle part en abandonnant sa cruche : l’eau du puits ne
l’intéresse plus ; elle a trouvé en Jésus un don bien plus précieux, une
source d’eau vive, qu’elle veut faire connaître aux siens !
Voilà que devant nos
yeux étonnés, le Maître et Seigneur fait appel à nous, nous criant son
désir et sa soif : « Donne-moi à boire ! » Qui aurait cru que Dieu
pouvait avoir soif ? Et pourtant, Dieu aspire à nous voir répondre à son
amour. Dieu, qui nous a créés libres, a soif de nous voir vivre libres
et responsables, de nous voir déployer toutes les énergies enfouies en
nous depuis notre baptême, pour les mettre au service de nos frères et
sœurs.
Dans
cette marche vers Pâques, oserons-nous vivre ces conversions,
oserons-nous cheminer avec Celui qui se révèle comme la Source de nos
désirs les plus profonds ? Et pourrons-nous garder sous silence cette
rencontre avec le Sauveur du monde ?
Richard
Depairon, curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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