Depuis le début de
l’humanité, la tentation se résume à ceci : devenir dieu sans Dieu.
C’est comme une crise d’adolescence. On veut déterminer seul ce qui est
bien ou mal et on prend notre distance face à l’autorité. On veut être
libre, mais nos choix nous égarent de la vérité, de nos origines, de
notre source. Dans le récit de la Genèse, la faute du premier couple
humain est d’avoir voulu s’emparer d’un privilège divin. La
conséquence : Adam et Ève prennent conscience de leur nudité, qui
représente ici la fragilité, la vulnérabilité, les limites humaines. Le
péché est donc une réalité universelle, partagée par tous les humains de
toutes les cultures et de tous les temps.
C’est là que Jésus entre
en scène. Le drame se déroule en trois actes, au désert, avec deux
acteurs : Jésus et le tentateur.
Voyons d’abord le décor.
Matthieu campe la scène au désert, sans doute pour évoquer celui du
Sinaï où le peuple d’Israël fut tenté, bien avant Jésus. C’est au désert
que Jean Baptiste prêchait. Le désert est le lieu des combats et des
choix, le lieu de la prière et du silence. Ces quarante jours de Jésus
au désert rappellent les quarante années vécues au désert par le Peuple
de l’Alliance en marche vers la Terre Promise.
Le
dialogue de Jésus avec le tentateur ressemble à une joute oratoire.
Aux tentations qui lui sont présentées, Jésus répond en prenant appui
sur l’Écriture.
1ère
tentation : Vouloir
posséder sans effort.
Tu as faim ?
Console-toi ! Fais-toi plaisir !
Vivre au jour le jour sans considérer les conséquences, sans mesurer la
valeur des choses. C’est la tentation de la paresse, de la
facilité, du plaisir sans effort. C’est le drame de notre
société : on veut tout, tout de suite ! On achète, puis on jette. Et,
comme Ève, on est séduit par la nouveauté et, osons le dire, par
l’interdit.
2e tentation :
l’apparence.
Jésus prend appui sur l’Écriture pour résister aux tentations ? Qu’à
cela ne tienne, Satan cite le Psaume 91 pour le déstabiliser encore
plus. La deuxième tentation est semblable à la précédente mais, plus
vaine encore, pour la seule gloire du spectaculaire, du miracle.
Mais, c’est la même épreuve : « Si tu es le Fils de Dieu »
prouve-le ! « Jette-toi en bas ! » Par ce geste spectaculaire, Jésus
aurait pu démontrer de façon incontestable son identité divine.
3e tentation :
cette fois Satan attaque de front et utilise son dernier atout :
l’ambition humaine. Le pouvoir. « Tout cela, je te le donnerai, si
tu te prosternes pour m’adorer. » Un compromis qui a pour conséquence la
mort de l’homme. « Vous ne mourrez pas », au contraire, « vous serez
comme des dieux », avait insinué Satan. C’est la tentation de
s’approprier la divinité. Mais
pour Jésus il n’y a aucun compromis possible.
« Prenez courage ! Le
Seigneur regarde le cœur ».
Voilà le thème proposé cette année pour notre Carême. Oui ça prend du
courage aujourd’hui pour être chrétien et chrétienne. Comme Jésus,
poussé par l’Esprit, armons-nous du désir sincère d’imiter le Christ en
vivant de la Parole de Dieu, de la prière, du jeûne et du partage.
Richard
Depairon, curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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