L’automne est cette saison de passage où l’on retrouve, dès
septembre, la beauté d’une nature flamboyante aux mille couleurs que
le mois de novembre grisonne. C’est le temps également où l’on
récolte tout ce qui a été semé. Souvent la récolte est très
abondante mais, parfois, à cause des intempéries des autres saisons,
la récolte est plus décevante. En somme, l’automne illustre bien
l’ambiguïté des êtres et des choses, de la vie…
En
fait, l’automne nous en fait voir de toutes les couleurs. En plus de
la multitude des fruits et des légumes, Dieu fait don de la variété
des couleurs, comme pour donner davantage un air de fête à cette
saison qui, avouons-le, se termine malheureusement en novembre avec
des couleurs de gris un peu tristounets. L’automne mêle l’abondance
et le vide et ressemble à des passages de nos vies. Nous bénéficions
des fruits de nos accomplissements et de l’humilité de certains
passages plus difficiles.
L’automne
qui dépouille les branches et dévaste les jardins nous atteint dans
notre façon de réagir. Un jour, nous possédons et, un autre, nous
sommes dépossédés. Nos enfants, notre conjoint, les êtres qui nous
sont chers ne nous appartiennent pas. Les gens que nous aimons ne
nous sont que prêtés. Le Seigneur les a mis sur notre route pour
nous montrer son amour, pour nous aider à grandir à leur contact,
pour que nous soyons aimés et qu’en retour nous soyons porteurs
d’amour. C’est cet amour qui nous fait vivre et qui fait vivre ceux
et celles qui nous entourent.
Vivre
ces moments peut provoquer en nous des blessures, des déceptions,
des rancœurs. Si nous observons la nature à l’automne, nous
remarquons qu’une fois moissonnés, le blé, le maïs et bien d’autres
végétaux jonchent le sol de résidus. Le labour d’automne va
consister à enfouir profondément ces résidus sans valeur pour qu’ils
deviennent un bel engrais au printemps.
René Lefebvre