Réflexion de la semaine

 

« Pardon et sainteté: une même réalité »

Pierre se trouve généreux quand il offre de pardonner sept fois. N’est-ce pas là le chiffre qui incarne la perfection? Jésus ne fait pas du pardon une histoire de mathématiques quand il dit : « 77 fois 7 fois ». Il sait qu’il n’y a plus de relations humaines possibles sans le pardon. Ne pas pardonner, c’est entrer dans le cycle infernal de la vengeance qui finit par tout détruire autour de nous. D’ailleurs la première personne blessée par un pardon non donné, c’est celle qui ne pardonne pas : le refus de pardon est un cancer qui ronge le cœur.

J’en prends à témoin l’expérience de Nicole qui a vécu l’inceste dans sa jeunesse et qui continue de faire vivre son père dans sa tête pour le détester encore alors qu’il est mort depuis longtemps. Je pense aussi à Linda qui a été abusée par ses deux grands frères et qui a fini par leur pardonner. Aujourd’hui, elle fait un travail exceptionnel dans un centre pour femmes battues.

L’évangile d’aujourd’hui n’est pas une invitation à exploiter les gens qui ont du cœur, mais à reconnaître en eux une invitation à avoir la même générosité envers les autres. Il faut se donner le droit de ne pas être parfait et donner ce même droit aux autres.

Quand on est victime d’une injustice, on a trois réactions possibles:

La première: Se venger, ce qui est tout à fait humain.

La deuxième: Se taire et laisser le temps arranger les choses, ce qui est davantage de l’ordre de la sagesse.

La troisième: Pardonner, ce qui est l’attitude divine du Christ sur la croix.

Fréquemment, le Christ revient sur le pardon. Pour lui, c’est une réalité nécessaire pour atteindre la paix du cœur. Quand il apprend à prier à ses disciples, il prend un hymne déjà connu par ses concitoyens puis il y ajoute deux réalités : le titre de « Notre Père » puis l’invitation au « Pardonne-nous comme nous pardonnons ». Pardonner est un mot qui veut dire « donner par-dessus », donné même si l’autre n’a pas mérité.

Chaque personne a ses défauts et ses mauvaises habitudes. Faire un effort pour se corriger, n’est-ce pas simplement reconnaître que nous sommes des humains en route vers un idéal qui se nomme Dieu. La sainteté n’est jamais une histoire privée entre une personne et Dieu : elle est un appel pressant à l’engagement au cœur de la communauté pour rayonner les valeurs de l’évangile.

La sainteté n’est pas l’arrivée à bon port. Elle est la façon de cheminer au quotidien vers cet idéal qu’est Dieu.

Gilles Baril, prêtre

     Unité pastorale Montréal-Nord