Un jour,
quelqu’un m’a raconté cette histoire…
« Seigneur, Seigneur, s’écria un homme en arrivant au ciel. Ma croix sur
terre a été trop lourde. J’aurais été bien meilleur disciple si
seulement j’avais eu un fardeau plus léger. » Aussitôt, Jésus l’amena
visiter un immense jardin. Sur place, l’homme fut bien étonné de
découvrir un grand nombre de croix déposées çà et là sur le sol. En lui
pointant ces croix de grandeurs et de matériaux variés, le Seigneur lui
demanda: « Dis-moi, mon brave, parmi toutes ces croix, laquelle
aurais-tu choisie? »
Après
quelques hésitations, l’homme se dirigea vers une petite croix tout au
fond du jardin. Prestement, il essaya de la mettre sur son épaule, mais
peine perdue… Cette croix dépassait nettement ses forces. N’abandonnant
pas la partie, il essaya encore vaillamment quelques croix, mais, malgré
leur petite taille, elles étaient toutes plus pesantes, les unes que les
autres. Son regard se fixa enfin sur une croix placée juste à l’entrée
du jardin. Le regard brillant, il l’essaya et dit: « Cette fois
Seigneur, j’ai trouvé, voilà la croix qu’il m’aurait fallu, ni trop
grande ni trop petite … » Le Seigneur sourit alors et lui dit: « En
vérité, mon ami, tu as bien choisi. Car cette croix, vois-tu, c’était la
tienne, celle que tu as déposée en arrivant. »
Jésus nous
dit que celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière lui ne
peut pas être son disciple. Qu’est-ce qui fait que notre croix nous
semble si lourde à porter? Et si la réponse à cette question était
simplement le fait qu’on essaie trop de la porter seul notre croix. Un
grand souci de la personne humaine demeure son besoin d’autonomie.
Jésus nous
invite à prendre notre croix, mais il ajoute: « pour marcher derrière
lui ». Habituellement quand quelqu’un marche devant nous, il essaie de
nous faciliter la route en éliminant le plus possible les dangers, ou du
moins en nous les identifiant pour qu’on fasse attention. À moins que la
personne qui nous précède manque de savoir vivre. J’imagine que ce n’est
pas le cas de Jésus : il se préoccupe toujours des gens autour de lui,
encore plus de ceux qui en arrachent dans leurs vies.
Porter sa
croix, c’est s’engager à faire de notre vie un don continuel par amour,
un partage de nos talents au service de la communauté, pour bâtir la
communauté… c’est un appel à tout faire pour demeurer heureux dans le
service des autres. C’est ne pas fuir la réalité quotidienne en la
maquillant par notre imagination, c’est accepter avec joie et confiance
la routine des jours successifs, en sachant comme une certitude que tout
ce que nous vivons a de l’importance aux yeux de Dieu.
Gilles
Baril, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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