« L’importance de la solidarité »
[Marc 9, 38-48] |
Jean, le disciple bien-aimé, trouve anormal et
inacceptable que des gens qui ne font pas partie du groupe des disciples
chassent des démons, qu’ils aient les mêmes pouvoirs qu’eux. Que
s’est-il passé? Jean a vu un étranger à leur groupe chasser les démons
alors qu’eux-mêmes, disciples de Jésus, avaient échoué en l’absence de
Jésus.
Quels sont les démons d’aujourd’hui qu’il faut chasser?
Nous les connaissons bien : par exemple le manque de sens moral; le
mépris de la vie; l’exploitation des faibles, des enfants, les
comportements racistes, la mauvaise répartition des richesses, l’oubli
de Dieu. Tous ceux et celles qui luttent contre ces maux que nous venons
d’énumérer ne sont pas nécessairement des baptisés ou des chrétiens. On
n’enchaîne pas l’Esprit Saint : il est libre, il n’est lié par aucun
rite. Il suscite des prophètes même en dehors de l’Église.
Sommes-nous capables de faire du bien à ceux qui nous
font du mal? Jésus n’oublie pas l’esprit de service : un verre d’eau en
mon nom ne restera pas sans récompense. Un verre d’eau, ce n’est presque
rien. C’est le symbole du plus petit service qu’on puisse rendre à
quelqu’un. Ce quelqu’un c’est le Christ. « Ce que vous avez fait au plus
petit des miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Jésus s’identifie
au plus petit des humains.
Jésus termine cette page d’évangile par une mise en garde
importante : si ton œil, ta main ou ton pied t’entraîne au péché,
coupe-le ». Qu’est-ce à dire? Dans le langage biblique, l’œil, c’est le
savoir; la main, c’est la possession et le pied, c’est le pouvoir (on
mettait le pied sur l’adversaire écrasé devant nous).
Alors si tes connaissances te donnent l’impression d’être
devenu supérieur aux autres, coupe-les. Si tes biens sont devenus la
raison d’être de ta vie, coupe-les. Si ta soif de pouvoir fait de toi un
tyran pour ton entourage, coupe-la. Bref, coupe tout ce qui t’empêche
d’être témoin du Christ. Coupe tout ce qui te met dans un esprit de
rivalité face à tes proches. L’orgueil est l’essence même de l’esprit du
mal alors que l’humilité demeure la route vers la plénitude.
Le monde d’aujourd’hui, comme celui d’hier et celui des
premiers chrétiens a besoin de trouver un sens à la vie : les gens
attendent de nous les chrétiens que nous soyons signifiants et
authentiques : l’Église (c’est-à-dire tous les baptisés) doit continuer
d’interpeller la société frappée de myopie par le paradigme de
l’utilitarisme et de l’instantané.
L’Église se doit d’interpeller la société pour lui éviter
le dérapage du « Je, Me, Moi » au détriment du bien communautaire. Notre
situation est parfois inconfortable, notre présence est parfois
dérangeante, mais cette mission qui est la nôtre demeure porteuse
d’espérance et d’avenir… et pour une arrivée à bon port, il faut comme
l’apprend Moïse dans la première lecture apprendre la solidarité du
travail en équipe pour ne pas nous laisser écraser par le fardeau du
bien à accomplir au quotidien. Qui fait œuvre d’Église ne travaille
jamais seul. Un chrétien isolé est un chrétien en danger.
Gilles Baril, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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