Réflexion de la semaine

 

« Honorer Dieu ou aimer Dieu »

À l’époque de Jésus, les scribes et les pharisiens ont créé un code de lois extraordinaires qu’il faut respecter point par point pour être sauvé. Il existe 613 obligations de choses à faire et 539 interdits. Par exemple, au retour du marché, il faut laver les plats et tous nos achats et il faut se laver les mains: non par principe d’hygiène, mais parce que ces plats ont peut-être été touchés par un non-juif. Ça sent le dédain des autres nationalités.

La loi écrase les gens et comme la loi est présentée comme inspirée par Dieu, les gens ont une vision d’un Dieu qui est un Être suprême exigeant qui nous écrase à la moindre faute. Jésus s’affronte à cette mentalité en présentant Dieu comme un Père qui nous aime et nous veut heureux en sa présence… ce qui vaudra sa perte, car les autorités religieuses de l’époque craignent que l’image d’un Dieu-Amour amène l’indifférence et l’anarchie dans le peuple. Le plus triste est que cette mentalité d’un Dieu-Sévère est encore la vision de bien des chrétiens contemporains.

Jésus dit aux pharisiens et aux scribes: « Vous voudriez que les autres se sentent coupables de la méchanceté dans le monde, mais c’est du cœur qu’elle sort… La restauration du monde et la disparition du mal commencent au-dedans de chacun de nous. C’est du dedans de chaque personne que sortent les pensées perverses. » St-Augustin ajoute: « Seule la conversion du cœur nous permet de porter des fruits ». C’est aussi du cœur que sortent les pensées d’espérance, la volonté du partage, le désir de fraternité et de solidarité.

« Ce peuple m’honore des lèvres… » Où est notre cœur en ce moment précis? Ici à l’église ou dans un rêve de loterie à gagner, ou dans le souvenir enjolivé d’une soirée vécue dernièrement… Qu’est-ce qui importe : l’être ou le paraître. Le « paraître » ne mène nulle part tandis que l’être nous rend soucieux de comprendre l’autre de l’intérieur, ce qui élimine toute capacité de jugement sur l’autre.

Autrefois, on avait une ligne de conduite très précise à suivre: il existait même des catalogues de péchés. Aujourd’hui, il est plus difficile de tracer la route que de suivre béatement le courant. Par exemple, en carême, il était plus facile de se priver de dessert et de viande que d’essayer de corriger des mauvaises habitudes. Jésus nous enseigne que la seule ligne de conduite repose sur l’amour inconditionnel du prochain. Aimer l’autre et non s’aimer dans l’autre. Aimer en donnant toujours priorité aux personnes plutôt qu’au code de lois à suivre…

Notre seul véritable pouvoir sur l’autre, c’est de les aimer. On ne peut pas changer une autre personne: c’est l’amour qui donne la force à chaque personne de se changer soi-même. Profitons des prochains jours pour apprendre à aimer avec le cœur de Dieu: d’un amour gratuit, sincère et respectueux du vécu de celle ou celui qu’on aime; d’un amour compréhensif qui ne juge jamais; d’un amour qui donne l’audace des recommencements et des dépassements; d’un amour qui ne passera jamais à l’histoire, car il est au cœur de tous les défis du quotidien.

Gilles Baril, prêtre

     Unité pastorale Montréal-Nord