« La grandeur des petits » |
Un jour, un roi engagea
par charité un jeune berger à son service. Il s’avère que le jeune homme
fait preuve d’une grande sagesse et d’un dévouement exemplaire. Le roi
le nomme intendant du Royaume. Ses fils, jaloux du berger et voyant en
lui un danger pour la succession décide de ternir sa réputation. En
effet, l’intendant se rend chaque midi dans une pièce retirée du
château. Que va-t-il y faire? Les fils du roi disent à leur père: « Sous
ses airs angéliques, il vous vole… »
Le roi autorise une
fouille de la chambre mystérieuse. On n’y trouve qu’une vieille paire de
chaussures et un pauvre vêtement en peau de mouton. Le roi demande des
explications à son homme de confiance. Celui-ci lui explique:
« Quand je suis entré à
votre service, je n’avais que ces misérables vêtements. Tout ce que je
suis devenu, c’est grâce à vous. Alors, chaque jour je reviens dans
cette chambre pour me rappeler que sans vous, je ne suis rien et à
chaque fois, je quitte ces lieux avec la ferme conviction de ne jamais
vous décevoir même si parfois je suis confronté à du mépris ou des
sarcasmes de la part des gens riches du Royaume… »
Voilà une belle
illustration de la confrontation entre Jésus et les autorités
religieuses de son époque. On ne comprend pas la source de son agir
alors on le fait passer pour un possédé par Béelzéboul.
En ayant connu la misère
et la souffrance, le jeune berger exerce son autorité avec un pouvoir de
compassion et de mansuétude et non comme quelqu’un qui exige et écrase
les plus petits que lui.
Ainsi en est-il du
Christ: il accueille l’incompréhension, les sacrifices et les
humiliations, car il sait dans son for intérieur que cette route conduit
vers un plus grand bonheur. Il sait que la douleur de la souffrance
finit toujours par passer tandis que la beauté de l’œuvre de Dieu
demeure. « On attire vers Dieu, disait Péguy, non pas en pointant du
doigt la laideur du monde, mais en montrant les merveilles qui se vivent
autour de nous ». Qui sait demeurer bon reste invincible. La beauté et
la bonté sont la signature de Dieu.
Permettez-moi de relever
brièvement deux réalités de l’évangile d’aujourd’hui:
-
Le blasphème contre
l’Esprit-Saint: il s’agit de savoir comme une certitude que Dieu est
là et de le nier ouvertement pour ne pas permettre à d’autres de le
reconnaître. Jésus dit aux pharisiens: « Vous possédez toute la
connaissance de Dieu, mais vous avez fermé la porte à clé et vous
avez jeté la clé pour éviter que quelqu’un puisse accéder à cette
connaissance ».
-
Celui qui fait la
volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère: demeurons
fiers d’être de la famille du Christ, une famille qui va au-delà des
liens charnels, une famille qui se construit au jour le jour dans le
désir de travailler à l’œuvre de Dieu puisque « Dieu construit pour
nous dans les cieux une demeure éternelle qui n’est pas l’œuvre des
hommes » comme le dit St-Paul dans la 2e lecture
d’aujourd’hui.
Gilles Baril, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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