Réflexion de la semaine

 

« Comme Jésus, osons le désert! »

L’évangile dit bien: L’Esprit pousse Jésus au désert « Pourquoi? » Il y a tant de malades à guérir, de pécheurs à convertir, de désespérés qui cherchent le sens de leurs vies. Que va faire Jésus au désert? Le désert est un lieu aride: pas d’arbre, pas d’eau, pas de nourriture, des grands espaces de sable avec un soleil brûlant. Au sens spirituel, le désert est un temps plus qu’un lieu: un temps d’épreuve, de réflexion, d’intériorité.

Jésus nous enseigne qu’on ne peut pas donner Dieu aux autres si on ne commence pas par l’approfondir en nous-mêmes. « À quoi sert de gagner le monde si on y perd son âme? » Le désert, un temps pour se recentrer sur l’essentiel. On sait que Jésus sera tenté au désert. Mais l’évangéliste Marc n’en parle pas. Il faut lire les autres évangélistes pour connaître ces tentations.

Il subit les trois tentations qui sont les trois gros défis de chaque baptisé: le désir de possession, l’orgueil et la soif de puissance et de pouvoir. Toute sa vie, Jésus sera tenté: « Donne un signe, fais un miracle ». Même sur la croix, on lui dit: « descends de ta croix et nous croirons en toi ». Jésus nous donne des remèdes à ces tentations de nos vies, le soir du jeudi saint en instituant l’eucharistie, en changeant non pas les pierres en pain, mais le pain en l’eucharistie puis en lavant les pieds se ses apôtres où il enseigne le service des autres dans l’humilité.

Marc n’utilise que 28 mots pour décrire une expérience de 40 jours. Il place Jésus au milieu des bêtes sauvages. Il y a un langage symbolique: c’est comme un retour au paradis terrestre tel que décrit au livre de la Genèse. Adam vivait en harmonie avec la nature et les animaux. Aucun animal n’était agressif. Et voici qu’après la chute du péché originel, le livre de la Genèse rapporte que Dieu a fermé le ciel. Avec Marc, Jésus en passant au désert va vaincre le tentateur qui a fait chuter le premier homme et il va rétablir une harmonie nouvelle entre les animaux puis entre Dieu et le genre humain. Jésus vient parmi nous pour recréer le monde et réouvrir les portes du paradis terrestre tout en nous invitant à la conversion du cœur.

Je conclus avec une histoire: une souris rencontre Dieu et se plaint de n’être qu’une petite bête sans défense. Il me semble que j’aurais moins peur dans la vie si j’étais un chat. Dieu transforme la souris en chat. Peu après, elle demande à Dieu de lui donner plus de force en la changeant en chien, puis en panthère. Et finalement, Dieu lui redonne sa condition de souris en lui disant: « Tu auras toujours peur de tout parce que tu conserves toujours le cœur d’une souris. »

Se convertir, c’est changer son cœur. L’idéal du chrétien consiste à changer le monde en changeant un cœur à la fois, à commencer par notre propre cœur. Quel beau programme de carême au pays de l’intériorité pour arriver un jour au pays de la Résurrection.

Gilles Baril, prêtre

     Unité pastorale Montréal-Nord