« Le plus grand commandement » |
Aujourd’hui, c’est un
spécialiste de la loi religieuse qui tend un piège au Christ en lui
demandant quel est le plus grand commandement. À l’époque de Jésus, il
existe 315 interdits à observer si on veut aller au ciel et 248 réalités
obligatoires à respecter: parmi ces 613 préceptes de lois, qu’est-ce qui
est le plus important?
Il est évident qu’il y a
des lois plus importantes que les autres comme la défense de tuer son
prochain. Mais il y a aussi des lois qui semblent n’être là que dans le
but de culpabiliser les gens et d’alimenter l’image d’un Dieu sévère et
intransigeant qui nous surveille pur nous prendre en faute. Par exemple,
il est interdit de marcher plus que cent pas le jour du sabbat.
Avez-vous remarqué que c’est vite fait cent pas… qu’on ne va pas loin
avec cent pas dans une journée. Alors au 99e pas, on a le choix: on
reste sur place jusqu’au lendemain ou on continue de marcher et on est
dans le péché.
Jésus
ne se laisse pas entraîner dans un débat sans fin avec un spécialiste.
Il va répondre en disant que le but de la loi consiste à aimer Dieu de
toute sa personne et à aimer son prochain comme soi-même. Cette réponse
va lui attirer l’admiration du docteur de la loi.
Mais qu’est-ce qu’aimer?
En l’espace de quelques minutes, nous pouvons dire : j’aime la tarte au
sucre, j’aime telle émission de télévision, j’aime mon chien et j’aime
telle personne. Est-ce que j’aime parce que ça me rapporte? (Tarte au
sucre) parce que ça ne m’implique en rien? (Émission de télé) ou parce
que j’ai investi de moi-même dans une relation avec une autre personne.
Pas d’amour véritable
sans le don de sa personne, nous dit le Christ. Pas d’amour réel sans
une base de respect inconditionnel. Pas d’amour sans gratuité du cœur.
Le véritable amour, dit Saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens est
patience, service, confiance, espérance et don de soi. Le véritable
amour ne cherche pas son intérêt, ne se gonfle pas d’orgueil, ne fait
rien de malhonnête, supporte tout, espère tout… [I Cor 12, 31-13, 8]
Le philosophe grec
Aristote (5e siècle av. J.-C.) disait : « On ne peut pas vraiment aimer
quelqu’un tant qu’on n’a pas mangé un sac de sel ensemble ». Sel des
déceptions et des contrariétés. Sel des défis relevés ensemble. Sel des
complicités et des solidarités tissées par les événements du quotidien.
Voilà l’enseignement de
Jésus sur le plus grand commandement qui consiste à aimer Dieu de tout
cœur et son prochain comme soi-même. Que notre relation avec Dieu et
avec tous ces gens qu’on rencontre au quotidien demeure nourriture pour
le cœur puisqu’elles sont des chemins de sainteté.
Gilles Baril, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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