Autrefois on promenait le Saint Sacrement dans les
rues de chaque paroisse des villes et des villages.
Tout le monde s'arrêtait, tout le monde participait
à cette grande fête. On priait, on chantait: On
manifestait sa joie, on était heureux et on en
profitait pour réclamer l'intervention de Dieu dans
nos affaires quotidiennes.
Aujourd'hui on continue à manifester, on continue à
réclamer. Mais maintenant on réclame des
gouvernements. Nous sommes désormais devant
l'état-providence au lieu du Dieu-Providence. Ce
n'est pas mauvais en soi de réclamer de l'État, en
autant qu'on fasse la juste part entre les deux
niveaux d'intervention. « Aide-toi, et le ciel
t'aidera. » Il ne faut ni tout attendre du
gouvernement sans rien faire pas plus qu'il ne faut
tout attendre de Dieu sans rien faire.
Ce
que tout le monde réclame, c’est du pain pour tout
le monde parce qu’on sait que le pain est nécessaire
pour la vie de tous les jours. La nourriture
essentielle pour la survie de l’humanité. Nous
devons prier pour que le partage du pain se fasse le
plus justement possible. Jésus le savait lui aussi
qui un jour a multiplié le pain pour que toute la
foule ait à manger. Mais il savait aussi qu’un autre
pain serait aussi nécessaire pour que tous, à son
exemple, aient le goût de partager. Pour cela, il
est allé jusqu'au bout du don de lui-même. C'est ce
qui nous a valu l'Eucharistie.
Il
nous a fait don de son Corps et de son Sang pour
nourrir notre foi. Ce don extraordinaire n'est pas
un comprimé miraculeux, une pilule qui agit
automatiquement; c'est une invitation à imiter le
sacrifice de sa vie, le don total que le Seigneur a
fait de lui-même pour soutenir nos propres efforts
et nos propres engagements dans notre société
d'aujourd'hui.
« Le
pain que je vous donnerai, c'est ma chair pour que
le monde ait la vie ». L'Eucharistie est nourriture.
La nourriture est essentielle pour que la vie
progresse. L'Eucharistie est nourriture pour la vie
de Dieu en nous, bien sûr. Mais si je néglige cette
vie là, l'autre, ma vie quotidienne, ma vie humaine,
ma vie de tous les jours devient de plus en plus
difficile à vivre parfois même impossible et
intolérable.
«
Prenez et mangez » a dit Jésus. « Ceci est mon
Corps, ceci est mon Sang » et les disciples n'ont
pas compris tout de suite ce qu'il voulait leur
dire. Peut-être n'avons-nous pas encore tout compris
nous aussi. Mais nous savons bien qu'il y a un lien
évident entre la santé du corps et celle de l'âme.
Jésus est venu pour nous apprendre la vie, pour nous
apprendre à vivre.
Jusqu'au jour où nous pourrons dire avec Saint Paul:
« Pour moi, vivre, c'est le Christ », nous avons
encore à essayer de comprendre le don que Dieu nous
a fait en nous donnant son Fils et le don du Fils en
nous donnant son Corps. Que la « Fête-Dieu » la Fête
du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ
soit pour nous une occasion de demander au Seigneur
d'augmenter notre foi.
Jean Jacques Mireault,
prêtre