À première
vue, on peut avoir l'impression que Jésus fait fausse route
en proclamant heureux tous ceux qui, à notre point de vue ne
peuvent pas l'être. À moins qu'il ne fasse cette
proclamation pour calmer les ardeurs belliqueuses de
certains qui sont malheureux de vivre ces situations.
Être heureux
et pauvres dans notre société d'aujourd'hui, n'est pas
évident. Être heureux et pleurer, c'est toujours possible si
on pleure de joie. Être heureux et avoir faim, n'est pas
sur. Être heureux et être purs, c'est quasi contradictoire.
Être heureux et doux, dans notre monde. Être heureux et
rechercher la paix. Être heureux être persécutés ou insultés
ou calomniés, autant de possibilités qui ne correspondent
pas tellement avec l'idée qu'on se fait du bonheur
aujourd'hui.
En
était-il autrement dans le temps de Jésus pour que celui-ci
puisse affirmer ses propositions sans provoquer un tollé de
protestations. Je pense qu'on peut affirmer sans crainte de
se tromper que la société du temps de Jésus n'était pas
différente de la société dans laquelle nous vivons
aujourd'hui.
Il nous faut
donc trouver une explication autre que celle des changements
survenus avec l'évolution et les progrès de nos sociétés
modernes. Le message de Jésus est et demeurera toujours
indépendant de l'évolution extérieure du monde parce qu'il
vise l'être humain dans ce qu'il a de plus profond et de
plus caractéristique. Le monde peut bien changer et
effectivement il a énormément changé. Mais l'homme, lui, n'a
pas beaucoup changé. On a parfois l'impression que plus le
monde avance, plus l'homme recule.
L'être
humain ne pourra progresser que le jour où il se rendra
compte que la Parole de Dieu est Parole de vie et que s'il
veut être heureux il se doit de prendre conscience qu'il
trouvera le bonheur seulement en le cherchant dans les
affirmations de Jésus ce jour-là. Heureux les pauvres,
heureux les doux, heureux les purs, heureux les artisans de
paix. Ailleurs vous pourrez toujours croire à votre bonheur,
mais vous serez vite obligés de constater que ces petits
bonheurs étaient bien fragiles. Celui que le Seigneur promet
est un bonheur durable déjà expérimenté par bien des
générations mais qui provoquera toujours l'incrédulité et la
suspicion. Peut-il en être autrement? Hier, aujourd'hui et
demain.
Quand Jésus
vit la foule qui le suivait, il gravit la montagne, il
s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la
bouche, il se mit à les instruire. Hier, aujourd'hui et
demain. Il s'agit là de « Huit paroles pour l’éternité »
d’après Gilbert Cesbron.
Jean
Jacques Mireault,
prêtre