On a toujours reproché à St
Pierre cette affirmation qui fut sa plus grande peine car
elle constituait une trahison de son ami et de son maître.
Pourtant Pierre ne faisait qu'affirmer une chose qui était
bien réelle pour lui. L'homme que l'on présentait devant lui
couvert de plaies à cause des coups reçus, méconnaissable à
cause de la fatigue du chemin de la croix. Cet homme-là,
Pierre ne le reconnaissait pas. C'était impossible que ce
soit lui. Son maître, son ami, lui, le plus beau des enfants
des hommes, devenu si laid à cause de la méchanceté des
hommes, Pierre ne pouvait absolument pas le reconnaître.
Voilà pourquoi il affirme avec véhémence et par trois fois.
« Je ne connais pas cet homme. »
Il nous est demandé à nous
aujourd'hui de reconnaître Dieu dans le pauvre, le démuni,
l'itinérant, le sidéen, le misérable, le laissé pour compte,
le rejeté de la société. Avouons tout simplement que c'est
beaucoup nous demander et que si nous n'y arrivons pas du
premier coup nous ne devons pas nous compter pour battu. Il
nous faudra recommencer, regarder par deux fois et même
trois fois, et même alors. Nous ne sommes pas tous des
« mère Térésa ».
Mais revenons à Jean
Baptiste. Il répète par deux fois dans le court évangile de
ce jour: « Je ne le connaissais
pas: mais... »
Il ne pouvait pas ne pas
connaître Jésus, c'était son cousin. Ils sont nés à six mois
d'intervalle et ont même fait connaissance avant de naître
au moment de la Visitation de Marie à sa cousine Élizabeth.
Ils se sont sûrement rencontrés dans leur jeunesse. Ils sont
peut-être même allés à l'école ensemble, la petite ou la
grande école. Mais celui que Jean connaissait, c'était son
cousin, le fils de Marie et de Joseph, qui habitait
Nazareth, qui jouait avec ses amis, qui fréquentait la
synagogue, un jeune homme sérieux mais bien humain.
Aujourd'hui Jean Baptiste
nous fait part d'une révélation qu'il a eu et celle-ci va
changer totalement son regard sur celui qu'il croyait
connaître. Voyant venir Jésus Jean dit : « Voici l'Agneau
de Dieu, qui enlève le péché du monde. » Plus loin, Jean
rend ce témoignage: « J'ai vu
l'Esprit descendre du ciel et demeurer sur Lui. Celui qui
m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit: « L'homme sur qui tu
verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est celui-là qui
baptise dans l'Esprit Saint. » Oui j'ai vu et je rends ce
témoignage: c'est lui le Fils de Dieu. »
Voilà qui change tout. Jésus
pour Jean n'est plus le cousin, l'ami, le frère, il est
l'Agneau de Dieu, il est le Fils de Dieu.
Nous pouvons connaître par
cœur toute la vie de Jésus, ses paroles, ses miracles, tous
ses faits et gestes, mais tant que nous n'aurons pas accédé
à cet acte de foi: c'est lui le Fils de Dieu, nous devrons
toujours dire avec le Baptiste; Je ne le connaissais pas.
Seigneur, fais que j'apprenne
chaque jour à te connaître davantage.
Jean
Jacques Mireault,
prêtre