Jésus savait très bien que les dix avaient été
guéris. Il s'étonne seulement du fait qu'un seul prenne la peine de
revenir en arrière pour remercier son bienfaiteur. Les autres ont
sûrement le même sentiment de reconnaissance, mais pour le moment la
chose la plus importante pour eux est de retrouver un statut social
qu'ils avaient perdu à cause de leur situation.
« Allez-vous montrer au prêtre. »
avait dit Jésus. Ils
n'ont fait qu'obéir à son invitation. Ils ont bien fait.
C'est le dixième qui a mal fait. Il n'a pas agi selon
les normes. Au lieu d'obéir à l'ordre de Jésus, au moment de
constater sa guérison, il ne pense qu'à une chose, non pas de la
faire authentifier, non pas de réintégrer le statut de citoyen à
part entière, mais bien de retourner vers son sauveur, retourner
vers celui qui l'a guéri, pour lui dire merci.
Pour
lui, le retour à la vie normale se fera bien assez vite.
Pour lui, le monde ne pourra que constater sa
guérison. Un jour il passera par les règles à respecter, il le faut.
Mais pour le moment ce qui est le plus important pour lui, c'est de
dire « MERCI ».
La question aujourd'hui se pose de la même façon.
« Tout le monde n'a-t-il donc pas reçu en héritage la
vie éternelle? »
Comment se fait-il qu'il n'y ait que ce petit groupe
d'originaux pour venir dire merci? Tous jouissent de la vie. Tous
paient leur quote-part à la société dans laquelle ils vivent. Tous
tentent de respecter les règles de cette vie en société. La plupart
prend plus ou moins conscience que cette vie est plus que ce que
nous voyons et touchons, mais combien osent explorer au-delà de ce
qui est visible. Combien prennent la peine de prendre conscience du
don reçu et en ayant pris conscience de dire « MERCI ».
Indépendamment de ce qui m'arrive. Indépendamment de
ce que je vis. Indépendamment de toutes circonstances. Chaque être
humain devant le constat de ce qu'il est et de ce qu'il est appelé à
devenir, devrait avoir une seule pensée, un seul désir, un seul
mouvement. Revenir continuellement en arrière pour s'écrier devant
celui qui l'a fait ainsi: « MERCI ».
Jean Jacques
Mireault,
prêtre
Parole du pape
François:
« le regard de l’amour est créatif »