Réflexion de la semaine

 


«L’Amour jailli du cœur de Dieu. »
(Jean 14, 23-29)

L’Évangile que nous venons d’entendre est teinté de nostalgie et d’espérance: nostalgie occasionnée par le départ de celui qui a donné un sens à la vie des apôtres et espérance, car Il les rassure qu’il ne les abandonnera jamais.

Les heures qui suivront feront vivre aux apôtres la mort la plus cruelle et la plus injuste de notre histoire humaine, on assassine le Christ par peur de perdre du pouvoir, par vengeance et par méfiance non contrôlée, parce qu’on s’est mis à détester quelqu’un qui refuse de servir des intérêts égoïstes. Devant une telle situation, une réaction humaine consiste à se fermer sur soi ou à répondre au mal par le mal. Une réaction humaine contrôlée consiste à garder le silence pour éviter le pire. La réaction de Jésus est: « Père pardonne-leur… » Voilà l’Amour jailli du cœur de Dieu.

Non seulement Jésus pardonne, mais Il pose des fondations pour l’Église en disant à Marie: « Voici ton fils » et en disant à Jean: « Voici ta mère ». Jean représente ici l’ensemble du peuple de Dieu. Jésus confie son peuple à sa Mère et il recommande à ses disciples de prendre Marie en modèle de vie quotidienne. Marie, c’est le don de soi dans l’abandon et la simplicité de l’ordinaire de chaque jour. C’est le petit bout de laine qui permettra au câble d’acier de devenir un instrument de salut comme le raconte cette vieille légende anglaise du XVIe siècle.

On venait de construire une tour dans un village pour se protéger contre les ennemis. L’expérience avait sollicité la collaboration de tous les villageois et on voulait célébrer ce bel exercice de solidarité. On décide de faire une inauguration solennelle de la tour en faisant tomber les échafaudages compliqués. Puis suivra la fête populaire. Tout se déroule tel que prévu lorsque soudain durant la fête, on réalise qu’un gamin qui ignorait le rituel de la journée avait grimpé en haut de la tour et qu’il s’y trouve prisonnier. Que faire ? Se jeter en bas est une certitude de mort. Refaire l’échafaudage est trop compliqué. L’heure est tragique.

Soudain sa mère s’avance et lui crie: « Enlève tes bas ». Tous pensent que cette pauvre femme perd l’idée tellement sa souffrance est profonde devant cet événement. Puis elle répète: « Enlève tes bas et défais-les en tirant sur le bout de laine ». En désespoir de cause, le jeune s’exécute. Puis la mère poursuit son opération de sauvetage: « Tire vers nous un bout de laine et garde l’autre bout précieusement attaché près de toi ». Au bout de laine, on attache une ficelle que le jeune tire vers lui; à la ficelle, on ajoute une corde, un câble et le câble d’acier qui permettra au jeune de descendre le long de la tour. Et voilà la fête qui reprend de plus belle avec une impression réelle de salut.

Sachons frères et sœurs que Dieu nous appelle tous à être un « petit bout de laine » pour quelqu’un. Comme pour les apôtres dans l’évangile, il nous promet son Esprit-Saint pour discerner l’essentiel et pour nous conduire vers la plénitude de la vie. Demandons à Dieu de mettre sur notre chemin quelqu’un d’habiter par sa présence, quelqu’un qui naturellement nous donne le goût de devenir meilleur. Et pourquoi ne pas pousser notre audace en allant jusqu’à demander à Dieu de faire en sorte qu’on devienne nous-mêmes, ce quelqu’un qui dit spontanément Dieu à ceux et celles qui le cherchent autour de nous.

Gilles Baril, prêtre

     Unité pastorale Montréal-Nord