L’Église de Pâques,
c’est ce petit groupe de femmes qui partent embaumer un cadavre et
qui constatent tout à coup qu’elles n’ont plus à chercher parmi les
morts celui qui est vivant. Elles retournent en toute hâte vers les
apôtres renfermés au cénacle puis elles vont passer pour des
visionnaires et des excitées.
L’Église
de Pâques, ce sont ces hommes septiques, peureux qui ont perdu leur
motivateur. Jésus est mort et eux sont des désavoués sociaux, des
disciples d’un vulgaire criminel. Ils ont perdu leur réputation et
ils sont désormais étiquetés comme des indésirables. Leur espérance
est morte sur la croix du Vendredi saint.
L’Église de Pâques,
c’est également Marie. Dans la maison de Jean, elle espère contre
toute espérance. Elle est là paisible, silencieuse. Elle réconforte
au lieu de se plaindre.
L’Église de Pâques,
elle est timide, fragile, maladroite. Elle est un frêle papillon à
peine sorti de son cocon, incapable de déployer ses ailes. Il lui
faudra attendre le grand vent de la Pentecôte pour prendre son
envol.
Mais depuis ce matin
de Pâques, jusqu’à aujourd’hui : que de prières formulées, que
d’engagements, que de dépassements, que de générosité, que de
bénévolat. Et cela de génération en génération : que de vies données
au service des autres. Christ est ressuscité : à nous d’en être
témoins.
Comme pour les
femmes du matin de Pâques, le Christ nous invite à agir en son nom,
à évangéliser, à espérer contre toute espérance. Pâques nous
enseigne qu’il faut savoir lire le bon côté des événements au lieu
de toujours se laisser abattre par ce qui nous dépasse. Il n’arrive
rien pour rien. Tout peut nous faire grandir. Il suffit de
développer la confiance.
Alors, profitons de
ce jour de Pâques pour demander trois forces intérieures au
Ressuscité :
1.
L’audace de la
foi: on ne peut pas croire en la Résurrection si on ne vit pas en
ressuscité. Vivre la foi n’enlève pas les doutes ni les souffrances.
Mais ça fait de nous quelqu’un d’habité de l’intérieur qui avant
même que nous ayons dit quoi que ce soit fait de nous une question
vivante sur Dieu.
2.
La force
d’aimer: ou du moins de ne jamais détester qui que ce soit. Le seul
pouvoir réel que nous avons sur les gens autour de nous est de les
aimer. Les aimer assez pour leur donner le courage de changer ce
qu’ils ont à changer dans leur vie personnelle. Aimer avec un cœur
de compassion qui accueille sans jamais juger l’autre.
3.
La joie de
l’émerveillement: ce n’est pas notre joie de vivre que nous devenons
attirants vers le Christ. La joie crée du dynamisme et de la
solidarité. Elle dit Dieu sans même que nous le réalisions tout
comme un vitrail ignore la lumière qui le transperce et le rend
aussi merveilleux. Nous n’avons qu’un signe véritable d’une vie
humaine épanouie: la joie.
Gilles Baril,
prêtre