Que veux-tu que
je fasse pour toi?
(Marc 10,
46-52) |
Chaque
fois que je lis un passage de l'Évangile, je dois toujours me dire que
celui ou celle que le Seigneur rencontre sur sa route, c'est moi. Qu'il
s'agisse du jeune homme riche comme il y a quelques semaines ou de
l'aveugle comme aujourd'hui, c'est à moi que le Seigneur s'adresse.
Peut-être
que je ne suis pas riche de sous comme le jeune homme en question. Mais
je dois constater que des richesses j'en ai, ce sont mes compétences,
mes talents ou simplement mon temps que je me dois de mettre à la
disposition de mes frères et sœurs pour répondre à l'invitation de
Jésus.
Aujourd'hui je peux toujours me dire que je ne suis pas l'aveugle sur la
route puisque je vois très bien grâce à Dieu. Ma vue est bonne et même
si je vieillis un peu je peux encore voir ce qui se passe autour de moi.
Mais comme dans le cas des richesses du jeune homme, peut-être puis-je
réaliser que la cécité dont il s'agit n'est pas nécessairement le fait
de voir avec mes yeux de chair mais plutôt ma capacité de voir avec mon
cœur.
Bien
souvent même si je vois de mes yeux, certaines réalités perceptibles
seulement avec les yeux du cœur me restent fermées parce que je n'ose
pas les regarder en face. J'aime mieux ne pas voir avec mes yeux et
encore moins avec mes yeux du cœur les situations vécues par mes frères
et sœurs dans le besoin et qui nécessiteraient une intervention ou une
réaction de ma part. J'aime mieux ne pas voir, j'aime mieux fermer les
yeux. Alors je suis bien obligé de constater que je suis un aveugle qui
s'ignore et que le Seigneur voudrait voir sortir de son aveuglement.
Et il y a
toutes ces réalités de ma vie de relation avec Dieu sur lesquelles
souvent j'aime mieux rester insensible. Les exigences du Seigneur me
font peur. Vous vous souvenez de l'invitation au jeune homme; "Va, vends
tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, puis viens et suis-moi."
Et le jeune homme
s'en alla tout triste car il avait de grands biens.
Je préfère
de beaucoup rester dans ma cécité ou dans ma surdité, pour ne pas
entendre cette invitation du Seigneur. "Seigneur, laisse-moi me reposer
un peu. J'ai bien travaillé, j'ai pris mes responsabilités. J'ai fait
mon devoir du mieux que j'ai pu. Laisse-moi un peu tranquille." "Mais
ton frère, mais ta sœur, mais ton voisin qui a besoin de toi, qui va
s'en occuper ?" me répondra le Seigneur. "J'aime mieux ne pas le voir"
C'est la même réponse que celle du jeune homme. Et il s'en alla tout
triste nous dit l'évangile. Ne soyons donc pas étonnés de notre
tristesse.
Tout ce que le
Seigneur veut, lui, c'est que nous soyons heureux.
Jean Jacques Mireault,
prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
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