Quelle image du
royaume te fais-tu? |
Depuis quelques années,
nous parlons souvent des « enfants-roi » ou presque, ceux qui règnent au
foyer et qui soumettent la vie de la famille aux impératifs de leur vie
exigeante pour les autres. Nous sommes ici bien loin de la considération
qu’on avait des enfants au temps de Jésus: le geste de Jésus avec
l’enfant a de quoi étonner.
Dans
la culture de l’époque en effet, les enfants n’ont aucun poids social.
Bien sûr, ils sont importants, puisqu’ils représentent l’avenir du
groupe. Mais en eux-mêmes, ils n’ont aucun droit et ne sont pas perçus
comme des adultes en devenir. Le simple fait de ne pas connaître la loi
et, donc, de ne pouvoir la respecter les met en état d’infériorité.
Lorsque Jésus place un
de ces enfants au centre des disciples, il offre une illustration
vivante du principe qu’il vient dénoncer. La priorité du royaume, ce
sont les personnes à l’image de cet enfant: petit, vulnérable, sans
pouvoir réel et dépendant.
L’enfant placé au centre
du groupe symbolise ainsi le nouvel ordre des choses qui définit le
Royaume inauguré par Jésus. En contraste avec les disciples tels que
décrit par Marc, Dieu se laisse guider par sa miséricorde et non par un
esprit de domination. Qui accueille les plus petits, les exclus, les
sans-paroles et les sans-droits réalise dans sa vie ce que Jésus a
montré aux Douze dans la maison de Capharnaüm.
Il y a toujours une
constante dans la vision que Jésus apporte sur ce monde nouveau qu’il
est venu instaurer. Il y a comme un changement radical des perceptions.
Voilà qu’il y a place pour tous dans son Royaume! Il n’est pas inutile
pour nous de nous interroger en profondeur sur notre vision du monde et
des personnes qui nous entourent.
Est-ce que Jésus vient
chambarder notre façon d’accueillir et de regarder les autres?
Sommes-nous confortables avec ce genre de monde qu’il veut instaurer?
Nous ne sommes pas ici devant un « enfant-roi », mais un enfant signe du
royaume comme un sans pouvoir et un sans prestige, mais un enfant qui
nous ouvre à la simplicité et à la gratuité de l’amour.
Maurice Comeau, prêtre
Unité pastorale Montréal-Nord |
|