Jésus est-il le vrai et l’unique
Sauveur de l’humanité ? Y a-t-il lieu d’attendre un autre sauveur pour
établir enfin la justice et la paix sur terre? Ces questions, tout le
monde les a sans doute déjà entendues, sinon posées. Elles font écho à
la question que Jean le Baptiste posait de sa prison : « Es-tu celui qui
doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »
C’est que Jean le Baptiste croyait en
la toute-puissance de Dieu et il croyait aussi connaître la volonté de
Dieu. Il était convaincu que le Seigneur en avait assez des injustices
sociales et des hypocrisies religieuses. Il était certain que le
Seigneur allait bientôt intervenir directement pour les faire cesser. Il
pensait même avoir repéré celui qui serait l’instrument de ce grand
nettoyage : Jésus de Nazareth.
Seulement voilà : Jean le Baptiste se
retrouve à présent en prison. Il vérifie dans sa chair que la violence,
l’injustice et le mensonge sont encore bien présents. Le grand nettoyage
tant attendu n’est pas encore commencé, ne semble pas sur le point de
commencer et ne commencera peut-être jamais sous la gouverne de Jésus.
Il en vient donc à se demander si Jésus est bien le Messie promis, ou
s’il convient d’en attendre un autre.
Il ne faut pas avoir peur de douter de
la toute-puissance de Dieu ou de se poser des questions à son sujet.
Même de grands prophètes ont vécu des temps de doute. Sachons adresser
ces doutes et ces questionnements au Seigneur lui-même, et
demandons-lui, comme Jean le Baptiste l’a fait, de nous dire s’il est
celui qui doit venir ou si nous devons en attendre un autre.
Alors, le Seigneur nous fera sans doute
entendre la réponse qu’il a fait parvenir à Jean le Baptiste dans sa
prison : Regardez bien, regardez mieux, vous verrez que des aveugles
voient malgré leur nuit ou leurs yeux qui en ont trop vu, que des
boiteux marchent malgré leur handicap ou leurs raisons de ne plus
avancer, que des lépreux sont purifiés malgré leur maladie ou leurs
erreurs passées, que des sourds entendent malgré leur surdité ou leurs
oreilles trop abusées, que des morts ressuscitent malgré leur solitude,
et que des pauvres sont heureux malgré leur faim.
Tous ces signes avaient déjà été
énumérés par le prophète Isaïe, comme moyens d’identifier le Messie à
venir. Jésus les reprend à son propre compte, mais il ajoute cette
petite phrase énigmatique : « Heureux ceux qui ne tomberont pas à cause
de moi ». Tout ceux qui rêvent d’une toute-puissance de Dieu qui
s’imposerait par la force risquent d’être déçus par ces signes; car, ce
qu’ils voudraient, eux, c’est que le Messie fasse en sorte qu’il n’y ait
plus jamais d’aveugles, de boiteux, de lépreux, de sourds, de morts et
de pauvres dans notre monde.
Notre conversion
consiste alors à reconnaître une autre forme de toute-puissance divine :
celle d’un Amour désarmé, emmailloté et couché dans une mangeoire, celle
d’un Amour dont le seul et unique objectif est d’éveiller l’amour des
personnes qui font sa rencontre, celle d’un Amour préférant le risque
d’être refusé par nous, plutôt que de s’imposer à nous.
Richard Depairon, curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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