« Haut les mains ! » Dans le livre
de l’Exode, Moïse semble avoir entendu cette injonction de la part du
Seigneur. Il ne s’agit pas d’un vol à main armée, mais tout de même, la
destinée d’Israël en dépend. Et si Moïse, ayant levé les mains, prétexte
la fatigue pour les rabaisser, gare à lui et à son peuple !
Comme tout geste auquel on accorde
de l’importance dans la Bible, celui de garder les mains tournées vers
le ciel possède une visée symbolique, et contient donc un enseignement.
Dans la plupart des cultures, élever les mains est assurément signe de
prière : nos paumes vides implorent Dieu de les remplir de ses
bienfaits. Par l’intermédiaire de Moïse, Dieu nous invite donc à le
prier sans nous lasser, ce que confirme non seulement Paul (« Priez sans
cesse » (1 Th 5, 17)) mais aussi Jésus lui-même dans l’évangile de ce
dimanche : « Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il
faut toujours prier sans se décourager ».
Par ailleurs, il nous arrive de
répéter le geste symbolique de Moïse dans notre quotidien, sans y
penser. À l’école, par exemple, ne lève-t-on pas la main pour
demander quelque chose au professeur, ou alors pour être autorisé à
prendre la parole, ou encore pour poser une question, dans le but
d’être éclairé ? Or, ce sont là des équivalents non religieux
d’authentiques formes de prières : la prière de demande; la prière comme
dialogue avec Dieu; enfin la prière qui sollicite la lumière de Dieu,
son inspiration. La différence réside dans le fait qu’un écolier ayant
constamment la main levée dérange le professeur et toute la classe,
alors que l’orant ne « dérange » jamais son Père céleste !
Lever les mains en l’air témoigne
également d’un certain abandon. Un bandit devant garder ses mains levées
est un bandit… pratiquement désarmé. Et justement, se reconnaître
désarmé devant Dieu ne constitue-t-il pas le premier pas de la
conversion, tout comme le premier moment d’une prière d’adoration ? La
différence, cette fois : le bandit s’en va en prison, et le converti
dans le Royaume des cieux !
Retenons qu’en faisant triompher
Israël quand Moïse lève les bras, Dieu instruit son peuple : face à
l’adversité, c’est en levant les mains vers moi, c’est en me priant que
vous vaincrez. Victoire militaire à l’époque de l’Ancienne Alliance, où
les armes sont encore des épées; mais victoire spirituelle après
l’incarnation de la Parole de Dieu qui est « plus tranchante qu’aucun
glaive à double tranchant » (He 4, 12) et qui, suivant Paul, constitue
l’arme par excellence pour le service de Dieu : « grâce à elle, l’homme
de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour un bon
travail ».
Prions donc avec certitude d’être
exaucé, et avec une persévérance digne de celle de Moïse luttant contre
la fatigue, voire de celle de la veuve harcelant le juge dans la
parabole de l’évangile d’aujourd’hui. Dieu répondra, à sa manière,
« sans tarder ».
Jonathan Guilbault
Unité pastorale Montréal-Nord |
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