Et si cet
homme était un prophète... Si ce qu’il dit était vrai. Si tout ce qu’on
raconte sur lui était juste…
Jésus suscite
beaucoup d’intérêt et de questionnement au sein du groupe des
Pharisiens. Sa prédication et ce qu’on raconte à son sujet forcent
l’admiration, mais on lui reproche assez clairement sa trop grande
familiarité avec les pécheurs.
Quand Simon
invite Jésus à prendre le repas chez lui,
il le
fait de bonne foi sans doute, mais sa curiosité et une certaine méfiance
sont toujours présentes.
En effet, s’il avait été ouvert à Jésus, il aurait posé sa question
autrement. Il aurait formulé quelque chose comme : « Si cet homme est un
prophète, il doit savoir quelque chose de cette femme que j’ignore…»
Mais
Simon ne cherche pas à suivre Jésus, il l’évalue, il le jauge.
Parfois, nous agissons comme Simon. Nous avons des idées préconçues
sur la conduite que Dieu devrait tenir et on se permet même de le juger.
Première leçon :
l’humilité est
une condition essentielle à notre relation avec Dieu.
La seconde
leçon nous vient de la parabole que Jésus raconte pour aider Simon à
mieux comprendre. « Un
créancier avait deux débiteurs…» Jésus pose une question facile à
Simon : « Lequel des deux créanciers l’aimera le plus ? » Le calcul est
simple : « Celui auquel il a remis davantage. » La triste ironie de la
chose est que dans le cas de Simon, qui ne semble pas avoir besoin de
pardon, l’amour est pour ainsi dire absent. Par là,
Jésus oppose
la religion des Pharisiens, qui est une sorte de comptabilité des fautes
et des bonnes actions, avec l’Évangile où seule compte la qualité de
l’amour et de la confiance. Le besoin de séparer les bons et les
mauvais, tout comme le désir de voir punis les pécheurs, ignore à la
fois le meilleur de Dieu et la réalité du cœur humain.
Si Dieu pardonne aussi facilement nos fautes, c’est qu’il nous sait
capables de mieux.
L’exemple de David devrait nous éclairer. Aussitôt que David reconnaît
son péché, il est pardonné.
Voici
finalement l’enjeu des lectures d’aujourd’hui : pour suivre le Christ,
il nous faut être humble et authentique.
Fini les masques, les rôles à jouer, la réputation à tenir. Devant Dieu,
nous nous devons d’être vrais et sincères. Le pratiquant est facilement
tenté de croire qu’il mérite son salut; le militant estime aisément
qu’il le construit. Tous deux oublient que c’est d’abord dans le Christ
que le salut s’est approché de nous.
En termes
clairs : Accepter nos
différences, c’est cesser de nous exclure, de penser que tel ou tel n’a
rien à faire dans l’Église alors que sa vie est ceci ou cela… Si nous
voulons accueillir Jésus, il faut rester humble et authentique.
Richard Depairon,
curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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