Que savons-nous de cette femme ?
Est-elle jeune, quel est son nom ? Tout ce que nous savons d'elle, c'est
qu'elle a été surprise en flagrant délit d'adultère. Tour à tour objet
de convoitise, puis objet de mépris, elle devient l’objet qui va servir
à régler une querelle entre les pharisiens et Jésus. Cette femme est
déjà condamnée. On ne lui parle pas. Tout se passe sans qu’elle ne dise
un mot.
« Dans la Loi,
Moïse nous a commandé de lapider ce genre de femme. Toi donc, que
dis-tu ? »
On fait dire bien des choses à la Loi et on se permet bien des bêtises
au nom de Dieu. Encore aujourd’hui, des femmes sont lapidées pour moins
que ça. Mais le pire, c’est que la femme de l’Évangile de ce jour est
utilisée comme un appât, elle offre une occasion pour confondre Jésus,
pour le discréditer aux yeux de la foule.
« Celui d’entre vous qui est sans
péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre » |
En effet, si Jésus refuse de la condamner, il s’oppose à Moïse,
l’autorité suprême pour les Juifs. Au contraire, s’il s’associe à la
condamnation prescrite par la Loi, il rend caduque tout son enseignement
sur la miséricorde de Dieu en plus d’entrer en conflit avec le pouvoir
romain.
La réponse de Jésus ?
Un silence.
Courbé sur le sable, il attend que se calme la meute. Mais, quand il se
redresse, sa parole va droit au cœur : « Celui d’entre vous qui est sans
péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ». Telle est la Loi
de Jésus. Un autre silence… pesant, oppressant, angoissant cette fois,
puis la foule s’en va, les plus âgés d’abord. Étaient-ils de plus grands
pécheurs ? Ou avaient-ils davantage conscience de leur péché ?
L’histoire ne le dit pas.
Quoi qu’il en soit, il ne reste plus que la femme et Jésus. La
pécheresse et le sauveur, la malade et le médecin, la misère et la
miséricorde, dira Augustin. La femme aurait pu s’enfuir, mais elle
reste là. Elle qui, jusqu’à présent, n’avait pas le droit de parole pour
se défendre, peut maintenant parler. Un dialogue de vérité s’inaugure :
ils ne l’ont pas condamnée… Jésus ne le fera pas non plus :
« Va, et
désormais ne pèche plus ». Va, et remets-toi à vivre de manière
évangélique. Va, et recommence à faire le bien. Va, et avance… avance
toujours plus sur le chemin qui fait vivre. Jésus la
ressuscite, suscite à nouveau la vie.
« Voici que je
fais un monde nouveau », disait Isaïe. Et saint Paul
d’ajouter :
« Oubliant ce
qui est en arrière, tendu vers l'avenir, je cours vers le but ».
Nous sommes à
huit jours de la Semaine sainte. À quinze jours de Pâques.
Aurons-nous à cœur de tendre la main à ceux et celles qui en ont le plus
besoin, pour susciter nous aussi la vie?
Richard Depairon,
curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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