Il a deux fils.
Le cadet quitte la maison avec son héritage qu’il a réussi à arraché à
son père avant même qu’il décède et l’aîné, qui ne comprend pas son
père, refuse de considérer son frère qui revient à la maison.
L’ingratitude du premier et l’incompréhension du deuxième brisent le
cœur du père. Voilà la parabole que Jésus nous propose aujourd’hui.
Jésus n’invente pas la parabole de
l’enfant prodigue pour le plaisir de raconter une belle histoire. Il
s’adresse aux scribes et aux pharisiens qui récriminaient contre lui
parce que « les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour
l’écouter ». Ils ne supportent pas que cet homme « fasse bon accueil aux
pécheurs et mangent avec eux ».
Pour le Juif, manger à la même table
qu’un pécheur public, c’est pactiser avec le péché et l’impureté. Fait à
noter : le retour du fils cadet, qui symbolise les publicains et les
pécheurs, se termine par un grand repas de fête. Manifestement, Jésus, à
travers le fils aîné, s’adresse aux scribes et aux pharisiens, qui sont
ces Juifs religieux, observateurs de la Loi de Moïse, mais que Jésus
critique ouvertement et sans ménagement parce qu’ils disent et ne
font pas !
« …ton frère
que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était
perdu, et il est retrouvé. » |
Quelle est le message ?
Le bon Dieu est bon. Mais encore, son accueil est sans limite et sa
fidélité sans faille. Du reste, la parabole questionne aussi notre
relation à Dieu. À qui ressemblons-nous surtout ? Au fils cadet qui
cherche à s’émanciper de toute figure parentale et autoritaire ou au
fils aîné qui jalouse le premier et agit bien à condition d’être
récompensé ?
À la table eucharistique, nous sommes
venus partager le même pain et la même espérance.
Il y a parmi nous des gens biens et d’autres un peu moins bons. Il y a
peut-être même des voleurs et des vrais égoïstes, ingrats et cupides. Il
y a aussi des justes un peu trop étroits d’esprit, des radicaux et des
intransigeants. Mais tous, nous partageons le même pain et la même
espérance et le Père est heureux de nous rassembler, est heureux de
faire corps avec nous. Voilà notre Église… elle est la sainte église
des pécheurs, comme disait Rigal.
Pour tout dire, tout ce que le Père
attend de nous, c’est qu’on agisse comme des fils et des filles.
Pas plus, pas moins. De grâce, n’utilisons pas notre liberté pour nous
asservir et n’espérons pas gagner le royaume à force de vertu et
d’obligation. Ce que Dieu veut, c’est qu’on lui fasse enfin confiance.
Est-ce trop demander ?
Richard Depairon,
curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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