À quoi ça sert de tant se démener
pour l’Évangile ? À quoi bon
baptiser, confirmer, célébrer des mariages pour des gens qu’on ne verra
probablement jamais à la messe ? À quoi bon organiser des parcours
catéchétiques, des fêtes communautaires, des célébrations liturgiques
dynamiques ? Le récit de la pêche miraculeuse nous en donne la réponse…
« Avance au large, et jetez les
filets… », dit Jésus. L’aventure apostolique a débuté là.
Pierre, avec son tempérament bouillant, s’est peut-être un peu énervé
lorsque Jésus lui a proposé de retourner pêcher ! Après tout, qu’est-ce
que ce fils de charpentier connaît à la pêche ? Mais « sur son ordre, il
jette les filets ». La fin de l’histoire nous rappelle cette chose
essentielle : pour les chrétiens, pas questions de baisser les bras.
Si on avait demandé à Pierre, avant cet événement : « qui est ce Jésus
qui est dans sa barque ». Il aurait probablement répondu quelque chose
comme : « un homme généreux, il parle bien, on dit qu’il fait des
prodiges, c’est peut-être un prophète… ». Or, voici que tout à coup, à
la lumière du miracle, Pierre clame à qui veut l’entendre : « qu’il y a
quelque chose de divin en cet homme… » Son rapport avec Jésus est plein
de respect et d’admiration. Il suffit d’une parole de Jésus pour que
Pierre laisse tout et suive celui qu’il considère déjà comme le Messie.
C’est assez proche de ce qu’a vécu Isaïe. Comme Pierre, il mesure la
distance qui le sépare du Dieu saint. Son audace s’explique par la
Parole qui lui brûle les lèvres. Peu lui importe le prix à payer pour
porter la Parole, il fait confiance à Dieu. Ses lèvres, désormais
purifiées, serviront Dieu.
L’Église est comme cette barque appelée à prendre le large, prête à
jeter la Parole là où Dieu le veut. C’est le travail de l’Esprit autant
que le nôtre. Proposer aujourd’hui Jésus Christ veut dire parfois se
jeter à l’eau tout entier, plonger, s’engager au prix d’une vie bien
remplie. Démissionner ? Pas question, il y a tant à faire, tant à bâtir,
tant à rêver, tant à réaliser. Où trouver la force ? En la Parole de
Dieu, en ses sacrements, en nous, puisque Dieu nous habite et habite
notre monde.
Richard Depairon,
curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
|