Il est particulièrement significatif
que Jésus ait manifesté sa gloire pour la première fois à l’occasion
d’une noce. La joie de vivre
ne demande qu'à éclater. L’espérance et toutes les promesses deviennent
possibles. Et le signe que Jésus accomplit va dans ce sens. Tout le
récit a valeur de symbole : les cuves, l’intervention de Marie et bien
sûr, le miracle lui-même.
Six cuves, disions-nous…
Ces cuves de pierre sont destinées
aux ablutions
rituelles des Juifs, précise l’évangéliste. Déjà deux questions se
posent : d’abord que font ces cuves à des noces ? Elles n’ont
aucun rapport, puisqu’elles devraient normalement être près de la
synagogue là où se fait le rituel, non dans une maison particulière où
se tient un repas de noces. Ensuite, que vient faire ici l’idée de
purification légale à un mariage ? L’heure est à la fête, pas à la
purification. Et puis, pour finir, elles sont vides, preuve
qu’elles sont doublement inutiles…
Le message est clair :
c’en est fini de ces vieilles
histoires de pur et d’impur qui empoisonnaient la mentalité religieuse
de l’époque. Comme si, avec
Jésus, les cuves vides devaient désormais servir à autre chose qu’à se
laver. Comme si Jésus voulait nous dire : c’en est fini de cette
religion du pur et de l’impur, du permis et du défendu. À la place,
Jésus nous offre un vin nouveau, symbole d’une religion d’amour.
Certes, Jésus se défendra toujours de vouloir abolir la religion
ancienne. Il n’est pas venu l’abolir, déclare-t-il, mais
l’accomplir, lui donner tout son sens,
sa pleine valeur. Ajoutons encore que ces
cuves peuvent contenir cent litres. La surabondance marque le renouveau
qu’apporte Jésus et son passage obligatoire de la Loi à l’Amour. En
effet, Le vin nouveau de la nouvelle alliance est infiniment
supérieur au vieux.
Une autre chose étonnante dans ce
récit : la relation de Jésus et de Marie, sa mère.
Ce n’est pas le fait que Jésus appelle Marie « femme », et non
« maman » : il parait que c’était d’usage à l’époque. Ce qui m’étonne
davantage, c’est cette réponse : « Femme, que me veux-tu ? »
L’expression est difficile à traduire, disent les experts. Certains ont
écrit « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? » D’autres, carrément, « De quoi
te mêles-tu ? » En tout cas, Marie ne semble pas s’en offusquer,
puisqu’elle dit aux servants : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Elle
a confiance. A-t-elle conscience de ce qu’elle demande ? Pouvait-elle
deviner le miracle qu’elle suscitera ? Le fait est qu’à Cana, Marie
provoque ce premier signe. Même si l’« heure » de Jésus n’est pas encore
arrivée, Marie anticipe l’Alliance Nouvelle par une simple, mais
audacieuse exhortation : « Faites tout ce qu’il vous dira ».
Au delà de la fête de Cana, c’est
l’inauguration d’une autre fête, pour d’autres noces : les noces de Dieu
avec son peuple renouvelé.
Fini le temps de la promesse. Voici le temps de la grâce, le temps de
l’amour. Par ce premier signe, Jésus tient à dévoiler qui il est et quel
est le sens de sa mission : sauver l’humanité en lui proposant une
Alliance Nouvelle. Tel est le premier signe.
Richard Depairon,
curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
|