Au-delà de la belle
histoire des mages offrant leurs présents à Jésus, l’évangéliste veut
nous dire une chose essentielle :
Jésus est bel et bien le Messie attendu. Il souligne également le
paradoxe : le Messie a été rejeté par son peuple. « Il est venu
chez les siens », écrira saint Jean, « et les siens ne l’ont pas reçu ».
En effet, Jésus n’a pas été reconnu comme Messie par les autorités
juives qui connaissaient les Écritures. Ce sont des païens qui sont
venus de très loin pour se prosterner devant lui et l’adorer.
Il y a pour
nous une première mise en garde :
ne jugeons pas trop vite d’après les apparences. Gardons-nous de coller
des étiquettes aux gens, surtout en ce qui concerne la foi. Les
personnes les plus proches du Christ ne sont pas nécessairement celles
que l’on croit ! « Les religions du monde entier ont conduit l’homme à
Dieu », nous rappelle le Concile Vatican II. À Jérusalem, où les
docteurs de la Loi et les pharisiens prétendent connaître la volonté de
Dieu, personne ne reconnaît en Jésus le Messie. Seuls de pauvres bergers
et trois mages venus d’Orient osent croire l’impossible.
Au fait,
qui sont ces mages ?
Probablement des érudits, des spécialistes en astronomie et en histoire
des grandes civilisations. Pour ces gens qui arrivent à Jérusalem, les
étoiles sont des divinités.
Or, ce sont
ces païens, grâce aux signes observés dans le ciel, qui se mettent en
marche vers le Messie, celui que les Juifs attendaient comme leur roi et
libérateur. Mais comprenons que si les mages ont vu l’étoile
mystérieuse, c’est parce qu’ils scrutaient le ciel. Seuls ceux et celles
qui cherchent peuvent trouver un signe d’espérance dans la nuit.
Lorsque les
mages arrivent à Jérusalem, l’étoile disparaît comme par enchantement.
L’étoile ne brille plus sur la ville sainte. C’est seulement
après avoir quitté Hérode, que l’étoile réapparaît. Elle les précède
pour indiquer le passage à vivre : de Jérusalem à Bethléem. Les
mages dépasseront Jérusalem, symbole de puissance et de grandeur, pour
trouver celui qu’ils cherchent dans une simple crèche. Le message est
clair : Dieu se révèle rarement là où l’on croit.
Peut-être
sommes-nous en train de vivre nous aussi un de ces passages d’une Église
Jérusalem, avec son culte et sa structure bien déterminés, à une Église
Bethléem, plus dépouillée et plus modeste, mais plus proche de la vie…
l’Esprit nous précède toujours…
L’ouverture
aux autres religions et aux autres convictions spirituelles ne diminue
en rien la salutaire doctrine du Christ,
mais nous oblige à rester humbles devant le mystère. Car « ce
mystère », comme le dira si justement saint Paul, « c’est que les païens
sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même
promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. »
Richard Depairon,
curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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