« La
famille est le lieu où l'homme apprend à aimer », a écrit saint Thomas
d'Aquin. C’est vrai, mais à quel prix !
La famille est aussi le lieu où nous faisons l’expérience de nos
limites, de nos faiblesses et de nos pauvretés humaines et osons le
dire, de notre péché…
Nous
célébrons aujourd'hui la fête de la Sainte Famille de Nazareth.
L’image est parfois enrobée, embellie. À force de vouloir édifier, on
s’éloigne parfois de la réalité. Tâchons, si vous le voulez bien, de
nous libérer de cette image angélique, que l’histoire a ajoutée, au fil
du temps.
D'entrée
de jeu, Joseph est confronté au soupçon à l'égard de Marie qu'il
découvre enceinte.
Il lui
faudra dépasser cette incompréhension, écouter la voix de l'ange, dans
le respect du mystère de Marie. Pas d'amour possible sans un tel
respect.
L'épisode
de Jésus perdu et retrouvé trois jours plus tard au Temple est également
significatif.
Ici, ce sont les parents qui sont « éduqués » par l'enfant. À Marie qui
fait des reproches à Jésus : « Ton père et moi, nous avons souffert en
te cherchant », l'enfant répond : « Ne saviez vous pas qu'il faut que je
m'occupe des affaires de mon Père ? ». L'enfant Jésus n'appartient pas à
ses parents. C'est d'ailleurs vrai de toute relation humaine. Jésus
rentre avec ses parents à Nazareth, il leur est soumis, mais Marie et
Joseph savent bien que plus rien ne sera jamais pareil : eux aussi, ils
auront à respecter son mystère.
L'intimité
familiale de Marie et de Joseph a été le foyer où Jésus a appris qu'il y
avait un Dieu d'amour,
que ce Dieu était le Père de tendresse et de pitié, que le premier
devoir de tout Israélite était de l'aimer de tout son cœur, de toute son
âme, de tout son esprit, de toute sa force. C'est la loi de
l'incarnation : Joseph et Marie ont appris à aimer Dieu à celui qui
était le visage même de l'amour de Dieu sur la terre !
Enfin, nos familles sont
aussi le lieu où l’on apprend à pardonner, où l’on comprend le prix de
l’amour véritable, le prix du don.
C’est là qu’on apprend à faire Église, à partager, à fêter, à rire, à
vivre et à mourir à soi-même… Car aimer, c’est aussi sacrifier un peu de
soi-même, c’est concéder à l’autre la meilleure part, c’est risquer de
perdre du temps pour l’autre, de s’investir pour l’autre. Jésus lui-même
en a fait l’expérience… Je vous en prie, ne négligeons pas ceux et
celles qui nous aiment le plus, surtout en cette période des fêtes.
Richard Depairon,
curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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