On sent déjà l’excitation, la joie de l’attente. La promesse de bonheur
pointe à l’horizon.
Tous les textes nous en parlent. Même les ministres du culte revêtent
une chasuble rose pour l’occasion. Le prophète Sophonie nous invite à le
crier : « Pousse
des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations. Réjouis-toi.
Tressaille d'allégresse... Car le Roi, ton Seigneur, est en toi ! Ton
Dieu est en toi ! » Et saint Paul surenchérit :
« Soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous. Le
Seigneur est proche. »
Le
danger c’est qu’on en reste là :
une
excitation frivole, fébrile, épidermique, qui reste en surface, sans
profondeur ni enracinement, ni engagement… Fort heureusement, il y a
Jean le Baptiste ! L’homme est exigeant, rigoureux, mais sa parole
et ses conseils nous sont encore utiles, pour nous, aujourd’hui, à
l’approche de la Noël.
Que
devons-nous faire ?
La
question revient à trois reprises dans l’Évangile. D’abord les foules,
ensuite les publicains et enfin les soldats. Chacun se
sent concerné et cherche à se préparer pour accueillir la promesse. Et à
chacun Jean Baptiste donne une réponse concrète et personnelle.
Il
ne demande à personne de vivre comme lui dans le désert. Il n’exige même
pas qu’on vive comme des pauvres ou qu’on soit obligé de quitter
l’armée. Il tient compte de la situation de chacun. Aux
collecteurs d’impôt, il leur dit simplement d’être honnête ; aux soldats
d’être juste. À tous, par contre, il prescrit l’attention au prochain.
Il ne demande pas de renoncer aux biens de la terre, mais de les
partager.
Chacun est interpellé par l’Évangile dans sa situation et ses
engagements.
Celui qui est marié est appelé à l’amour et à la fidélité ; le
commerçant à être honnête ; le médecin, l’infirmier, à servir la vie et
la dignité humaine. Inutile de rêver une vie de moine si vous êtes
président d’une entreprise ou de vouloir partir en mission en Irak si
vous êtes serveur dans un restaurant. Dieu nous appelle là où nous
sommes !
Mais attention ! Pas question de se contenter de vœux pieux !
L’Évangile nous met sur la voie de la pratique. Et venir à la messe
n’est pas suffisant ici. Augustin disait : « Ce qu’il y a de Chrétien en
nous, c’est le Christ ! ». L’avons-nous réellement rencontré ?
Avons-nous soif de Dieu ? L’aimons-nous suffisamment au point de vouloir
changer nos habitudes et notre confort ? C’est dans ce concret que se
vérifie notre amour pour Dieu.
Que devons-nous faire pour être un peu plus chrétien ?
Voilà une bonne question à nous poser d’ici Noël.
Richard Depairon, curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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