Jésus traverse Jéricho.
Une petite bourgade située à quelques kilomètres de Jérusalem. Une foule
de partisans accompagne Jésus vers ce qu'ils croient être son triomphe.
Une foule qui marche, enthousiaste, qui pousse Jésus sur la route de la
gloire. Or, à la sortie de la petite ville, se tient un de ces
innombrables mendiants, comme on en trouve encore de nos jours, dans nos
villes, à la porte des églises ou des grands magasins.
L’aveugle crie, hurle pour attirer enfin
l’attention.
Le pauvre homme est bafoué. Il dérange. Il gêne. Il agace.
La foule n’a compris ni sa souffrance, ni
sa foi qui motive son cri. Elle est aveuglée. Si l’histoire s’était
terminée là, l’aveugle serait probablement resté aveugle, et la foule
serait probablement restée aveuglée par ses ambitions.
Or, c’est ce deuxième effort du fils de
Jéricho qui force l’admiration.
Ce deuxième cri vient du désir profond de voir Dieu. Ce désir est en
nous, parfois endormi, timide, étouffé par tant d’autres occupations ou
par crainte d’être encore trompé, mais il est là, toujours présent, tel
un appel profond à vivre et à vivre libre.
Lorsque Jésus appelle l’aveugle, aussitôt la foule lui dit d’un air
flatteur : « courage, il t’appelle ! » Comme si l’initiative venait
d’eux. Peut-être s’attendent-ils à un autre miracle. La foule est par
nature curieuse.
Jésus parle peu : « que veux-tu que je
fasse pour toi ? ». La réponse vient du cœur : « que je voie ».
Sa prière est aussitôt exaucée. Il est guéri. Mieux, il a trouvé sens à
la vie, car l’homme se met à suivre Jésus sur la route. Il est devenu
chrétien.
Croire en Jésus, crier vers lui du fond de notre nuit, nous laisser
travailler le cœur par lui, puis oser le suivre sur la route, c’est
aussi notre appel.
En effet, l’assurance que donne Jésus provoque en nous le désir de
sortir de l’anonymat pour vivre réellement comme des chrétiens et des
chrétiennes. Trop souvent, on ressemble à cette foule de gens qui
marchent sans tenir compte de ceux et celles qui sont à côté du chemin.
Parfois gênés par leurs demandes ou pire, indifférent à leur présence.
Saurons-nous entendre les cris
de ceux qui souffrent en silence ?
«
Voici que je les fais revenir… je les rassemble des extrémités du monde.
Il y a même parmi eux l’aveugle et le boiteux… c’est une grande
assemblée qui revient. » Pourrait-on mieux exprimer le rêve de Dieu ?
Rassembler ceux et celles qui étaient partis, qui avaient pris leurs
distances. Quand Bartimée rencontre Jésus, la promesse de Dieu se
réalise pour lui.
Richard Depairon,
curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
|