«
Effata! » C’est un cri du cœur, une prière, un appel…
Le Seigneur vient ouvrir ce qui est fermé. Jésus ouvre les
oreilles et la bouche d’un homme qui habite une ville païenne.
Cela vaut d’être remarqué.
Parmi
les quatre évangélistes, Marc est le seul à rapporter la
guérison d’un sourd-muet.
L’événement a lieu en Décapole près du lac de Galilée en plein
territoire païen. Il y a là un premier message
important : la Bonne Nouvelle peut aussi être entendue et
proclamée par des étrangers. Le privilège dont le peuple élu
se prévalait est désormais dépassé.
La médecine de Jésus, son doigt dans les oreilles et sa salive
sur la
langue du sourd-muet, peut nous paraître un peu archaïque.
Mais ce qui est le plus important c’est ce qu’il dit. Au
geste, Jésus joint la parole prononcée en araméen : « Effata ! »
Le sourd se met à entendre et celui qui bégayait s’exprime
maintenant avec
aisance. L’homme est devenu disciple.
Cette scène s'est déroulée il y a deux mille ans, et pourtant ce
n'est pas de l'histoire ancienne.
Nous vivons, à l'évidence, en pleine Décapole, c'est-à-dire,
dans un monde qui a ses idoles et ses idolâtres. Pour voir clair
parmi toute cette religiosité, il nous faut parfois prendre du
recul. Il y a comme ça des appels que l’on ne saurait
entendre que dans le silence de nos cœurs. Et comme cet
homme de l’évangile, le Seigneur nous invite à nous retirer à
l’écart pour mieux entendre ces appels. Ce récit nous invite
donc à descendre profondément en nous.
Les yeux levés au ciel, nous rapporte le texte, Jésus soupira et
lui dit :
« Effata ! » C’est-à-dire : « ouvre-toi ! » Mais à quoi, à qui
doit-il s’ouvrir?
Ouvre-toi aux attentes de tes frères et sœurs ; ouvre-toi aux
appels silencieux de l’Esprit, ouvre tes lèvres pour défendre
l’opprimé et pour soulager le malade à ta porte ; ouvre tes
oreilles pour entendre la détresse de ceux et celles qui
souffrent en silence, seuls et isolés, abandonnés. Ces appels
sont en fait des exhortations à vivre et à penser comme Jésus
Christ.
Jésus nous sauve en nous ouvrant à Dieu et aux autres.
Un monde nouveau commence, comme l'avait prophétisé Isaïe, et
pas seulement pour le peuple élu, mais pour toute l’humanité. Un
monde où tout homme, toute femme, pourront voir, entendre et
parler en toute liberté.
Richard Depairon, curé-pasteur
Unité pastorale Montréal-Nord |
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