L’unité
originelle de l’homme et de la femme s’ouvre sur la polémique opposant Jésus et
les pharisiens à propos du divorce.
(Mt 19, 3-12) Est-il permis de renvoyer sa femme demandent
malicieusement les pharisiens ? Sur la question qui touchent la sexualité on
voudrait bien, nous aussi, trouver l’exception qui confirme la règle. Jusqu’où
peut-on aller pendant les fiançailles ? Est-ce qu’il peut y avoir des cas où la
contraception peut être admise ? À partir de quel moment est-on infidèle ?
Jésus refuse de juger en particulier, mais il ne manque pas
l’occasion de proposer l’idéal chrétien. Pour répondre à la question du divorse,
Jésus remonte donc aux origines. Au commencement, dès le début, quel était le
rêve de Dieu ?
Le plan de Dieu sur le corps de l’homme et de la femme aux
origines, je le résume ainsi : L’homme et la femme ne peuvent s’épanouir
séparément. Ils ont besoin l’un de l’autre. Voyez par vous-mêmes : Adam qui est
la figure emblématique de l’humanité masculine est triste à mourir. Il a beau
avoir toute la création à ses pieds, il reste seul. Sa solitude lui pèse. « Il
n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui
correspondra. » C’est là qu’Ève entre en scène. Dieu est un poète romantique.
Adam s’éveille avec cette vision : « voici l’os de mes os et la chair de ma
chair. » Elle lui est semblable et pourtant différente de lui. Ils sont
complémentaires et par conséquent, partenaire. Vous connaissez la conclusion :
« À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa
femme, et tous deux ne feront plus qu’un. » Gn 2, 24.
Vous allez me dire à coup sûr que cette histoire est vieille
comme le monde. Je vous l’accorde. Mais saurons-nous retenir la leçon ? Je veux
dire, sommes-nous en mesure de lire entre les lignes ? Disons au départ que le
récit de création est une parabole et qu’il n’a absolument pas la prétention
d’expliquer comment le monde s’est formé, mais cherche plutôt à dire
pourquoi il existe.
Le premier récit, puisqu’il y en a deux, relie le mystère
de la création de l’homme comme « image de Dieu » à la capacité humaine de
procréer. À chaque jour, « Dieu vit que cela était bon ». Ce n’est qu’à la
création du premier homme et de la première femme que « Dieu vit que cela était
très bon » Ils sont créés, homme et femme, à « l’image de Dieu ». Ça en
dit long sur notre dignité humaine. Nous ne sommes pas des animaux et notre
manière de vivre doit correspondre à notre dignité.
Mais ce n’est pas tout, dans le second récit de création,
Adam se retrouve seul au monde. La « solitude originelle » permet à Adam de
se découvrir comme personne humaine. Il se rend bien compte qu’il
représente plus que tous les animaux et reconnaît qu’il est à une distance
infinie de Dieu de qui il reçoit la vie. Quand Ève fait son apparition, Adam
sait le prix de l’attente et son émerveillement n’a pas d’égal. Que devons-nous
retenir de ce récit ? Deux choses :
1. La
maturité de la personne précède toujours le don de soi. C’est le genre de
chose qu’on oublie parfois aujourd’hui. On offre son corps sans condition, sans
délai. Résultat : on considère la sexualité comme un dû, ou pire, comme un
trophée. Mais en vérité, il est vide de sens sans le cœur.
2. Considérer
son partenaire, non comme un objet de plaisir, mais comme un don de Dieu.
L’amour est à ce prix.
Résumons : avant de s’engager dans une relation, il
faut d’abord savoir qui l’on est, Or nous sommes créé à « l’image de Dieu ». La
sexualité est donc une bonne chose. En fait, elle est si bonne, qu’il ne nous
est pas permis de l’abaisser à un simple objet de plaisir…
Si donc notre sexualité fait partie intégrante de nous depuis
le commencement, pourquoi alors Adam et Ève ont-ils honte de leur sexualité ?
C’est ce que nous allons voir la semaine prochaine…
Richard Depairon
Unité pastorale Montréal-Nord |
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