Homélie : 4e dimanche du Carême, année C

par Richard Depairon, curé pasteur

Inspiré de plusieurs sources

 

Il est Midi. Il fait chaud. Jésus est seul. Il est assis au bord d'un puits, celui-là même que fréquentait jadis Jacob, connu aussi sous le nom d’Israël. Elle, elle vient avec sa cruche. Elle porte toute la fatigue de sa vie, une soif d'amour jamais étanchée. Elle choisit de venir à midi, sans doute pour être sûre de ne rencontrer personne, mais Dieu l’attend dans le détour. On ne connaît pas son nom, mais on sait qu’elle vient de Samarie. Or, les Juifs et les Samaritains ne font pas bon ménage. Surtout depuis que les habitants de Samarie ont contracté des alliances avec l’Assyrien et élevé un temple rival à celui de Jérusalem.

C'est une femme, elle est seule et en plus elle vient de Samarie, mais le pire, on le voit à la fin du récit, elle a rencontré beaucoup d’hommes dans sa vie. D’ailleurs, on sait de source sûre que celui avec qui elle vit n’est pas son mari.

Et qu’est-ce que Jésus dit à cette femme seule, qui vient de Samarie et qui vit en concubinage ? « Donne-moi à boire. » C’est le monde à l’envers. Jésus, Dieu avec nous, prie cette femme de venir apaiser sa soif. Pas une once de reproche. Aucune menace. Rien qui aurait pu la culpabiliser. Mais au contraire, une demande toute simple : « donne-moi à boire. »

Le plus drôle dans toute cette histoire, c’est que pas une fois dans le récit on dit qu’elle donne l’eau à Jésus. Au contraire, elle s’en retourne dans son village et laisse sa cruche vide à côté du puits. C’est qu’il y a ici plus important que l’eau du puits. Après cinq douloureux échecs et une sixième liaison qui se vit hors mariage, voilà que Dieu, en la personne de Jésus, lui offre une chance de reprendre sa vie en main. Et nous voyons cette femme sans nom, perdue, desséchée comme une terre brûlée sous la canicule, en attente de tout et même du Messie, accueillir dans une bouleversante simplicité la grâce qui passe.

La suite est remarquable. D’abord parce que c’est à elle seule que Jésus livre son secret : « le Messie ? Je le suis, moi qui te parle. » C’est unique dans l’évangile de Jean ! Et ensuite, parce que loin de vouloir garder Jésus pour elle-même, elle abandonne sa cruche devenue inutile et court partager la bonne nouvelle aux gens de son village qui voient et croient. La finale est particulièrement édifiante : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant; nous l’avons entendu pour nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Il ne tient qu'à nous de nous reconnaître dans cette petite sœur de Samarie. Jésus nous attend au pied du puits et veut apaiser nos soifs de vérité, nos soifs de pureté, nos soifs de liberté.

Dans ces moments difficiles de nos vies, au moment où on a l’impression que Dieu nous a oubliés, ou pire, quand on se demande s’il est vraiment avec nous ? Rappelons-nous cette rencontre entre la Samaritaine et Jésus au bord du puits et n’hésitons pas à venir à la vraie source. Venons puiser en Dieu notre raison d’exister.

 


     Unité pastorale Montréal-Nord