Les paroles de Jésus, dans
l’Évangile d’aujourd’hui, sont particulièrement déroutantes.
Elles révèlent deux aspects de la pastorale de Jésus : le premier
démontre beaucoup d’ouverture, mais, le second va dans le sens inverse,
en apparence du moins. À l’entendre, c’est en pièces détachées qu’on
entrera dans le Royaume des cieux !
Le récit commence par une
plainte : les apôtres, Jean en l’occurrence, viennent dénoncer quelqu’un
qui « chasse les esprits mauvais » sans appartenir à leur groupe.
Réaction tout à fait humaine. Nous sommes naturellement portés à nous
méfier de ceux et celles qui ne font pas partie de notre « gang ». Il y
a un certain confort à conserver le monopole de l’action apostolique.
L’esprit étroit de Jean,
qui veut tout contrôler, rappelle certaines de nos attitudes devant la
nouveauté ou la différence. On
craint ce que l’on ne connaît pas ou, ce que nous ne contrôlons pas.
Déjà, au temps de Moïse, on voulait interdire à Eldad et à
Médad de prophétiser parce qu’ils n’étaient pas au bon endroit, au bon
moment. Moïse, loin de s’en offusquer, avait répondu : « Ah! Si tout le
monde pouvait être prophète ». Jésus démontre la même ouverture :
«Ne l’empêchez pas, car
celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal
parler de moi ». On n’enchaîne
pas l’Esprit, on ne le met pas en boîte. Il agit aussi en dehors de nos
structures, en dehors de l’Église même. L’Esprit souffle où il veut. Qui
pourrait faire taire le vent ? La première partie de l’Évangile nous
invite donc à l’ouverture et même à la reconnaissance devant ce qui se
fait de bien en dehors de nos milieux communautaires.
La seconde partie de
l’Évangile nous ébranle davantage : « Celui qui entraînera la chute
d’un seul de ces petits... mieux vaudrait le précipiter dans la mer avec
une meule au cou !... Si ton oeil t’entraîne au péché, arrache-le ! » Si
Jésus nous demande de reconnaître le bien accompli en dehors des
cadres institutionnels, il s’indigne cependant que l’on puisse sciemment
entraîner quelqu’un au mal. Si nous n’avons pas à juger les
personnes, nous avons le devoir de dénoncer et de combattre l’injustice,
peu importe de qui vient la faute. Et, comme si cela ne suffisait
pas, l’apôtre Jacques renchérit : « Vous les riches qui exploitez
les pauvres, pleurez... Vous avez recherché sur terre le plaisir, le
luxe, vous avez fait bombance pendant qu’on massacrait des gens... vos
richesses sont pourries... » Voilà qui est clair !
Si nous voulons
vraiment suivre Jésus, nous ne pouvons justifier ni nos étroitesses
d’esprit, ni nos molles lâchetés.
Il exige de nous, à la fois la tolérance et la rigueur.
L’équilibre n’est pas toujours facile, demandons au Seigneur de nous
aider.
Unité pastorale Montréal-Nord |
|