HOMÉLIE DU DIMANCHE DU SAINT-SACREMENT DU CORPS ET DU SANG DE JÉSUS

Faites ceci en mémoire de moi…

 

Avez-vous remarqué ? Jésus passe son temps à manger. Repas de noces à Cana, repas chez des publicains et des pécheurs, repas avec des pharisiens, repas intime chez Lazare, repas où Jésus est invité, repas où Jésus s’invite, comme chez Zachée. Mais de tous ces repas, le plus grand, le plus significatif est la dernière Cène, son dernier repas avec ses disciples.

C’était un repas liturgique. La Pâque juive. On se rappelait la libération d’Israël. Jésus fait ce que tout bon Juif devait faire le jour de Pâque. Il prononce les formules de bénédiction, partage le pain sans levain qui rappelle que le peuple a dû quitter rapidement l’Égypte (le pain n’ayant pas eu le temps de lever). Il partage le pain, fait circuler la coupe rituelle.

Mais voilà que subitement tout bascule. Rompant le pain, Jésus déclare que ce pain, c’est son Corps livré ; faisant circuler la coupe, il annonce que c’est son sang versé pour le salut de tous. Il n’est plus question du passé, de faire mémoire d’un événement ancien. À vrai dire, la libération longtemps célébrée atteint ici son apogée. La libération de l’esclavage d’un peuple en Égypte à la terre promise, annonçait le passage d’une autre alliance, cette fois universelle, qui sera scellée quelques heures plus tard sur la croix.

Ça me fait toujours plaisir d’entendre les gens dire que « c’était une belle messe ». Je me dis que c’est probablement parce que les gens ont bien chanté, que l’organiste s’en est bien tiré, que les lecteurs ont bien lu, que l’homélie était correcte, que les servants se sont bien tenus ou parce qu’il y avait beaucoup de monde à la messe aujourd’hui, comme si tout dépendait de nous. Mais la vérité, c’est que l’Eucharistie est toujours réussie, toujours belle, parce qu’elle est un don de Dieu à l’humanité.

Si nous mangeons l’Eucharistie, c’est pour toujours mieux ressembler au Christ, pour faire nôtres sa pensée, sa vie, ses gestes. Essentiellement, l’eucharistie c’est Dieu qui se donne et au-delà de nos chants, des homélies et des visuels dans le chœur, si nous ne prenons pas conscience de ce don, nous passons à côté de Dieu.

Et malgré toute la grandeur de ce don, l’Eucharistie demeure un moyen pour atteindre le monde, pour investir notre vie et instaurer son Royaume ici et maintenant. La messe a beau être un rituel, un mémorial, elle restera toujours le don de Dieu par excellence.

Célébrons donc nos messes avec tout notre cœur, avec nos chants, en famille et entre amis pour donner corps à notre communauté chrétienne.

Richard Depairon, curé-pasteur


     Unité pastorale Montréal-Nord